vendredi 30 juin 2017

Déclaration publique Turquie


AMNESTY INTERNATIONAL
DÉCLARATION PUBLIQUE

Index EUR 44/6602/2017

AILRC-FR

26 juin 2016

Turquie. L’interdiction de la Marche des fiertés d’Istanbul est le dernier coup porté à la liberté d’expression et de réunion pacifique
Pour la troisième année consécutive, les autorités d’Istanbul ont interdit, pour des motifs fallacieux, le défilé de la Marche des fiertés qui est historiquement l’événement le plus important organisé en Turquie par les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) et ceux qui les soutiennent. Dimanche 25 juin, la police a fait un usage excessif et injustifié de la force contre des personnes qui tentaient de défiler pacifiquement en bravant l'interdiction.
Cet événement, qui s’était déroulé avec succès chaque année pendant plus d’une décennie et qui attirait des dizaines de milliers de participants, avait été cité par les autorités comme un exemple de leur respect pour les droits. L’interdiction répétée de la Marche des fiertés ces dernières années est un nouvel exemple de l’intolérance des autorités envers la dissidence et la différence ainsi que de la dégradation générale de la situation des droits humains en Turquie et de l’incapacité des autorités à faire respecter les droits des LGBT.
Le bureau du gouverneur d’Istanbul avait publié une déclaration le 24 juin, soit la veille du défilé, dans laquelle il invoquait la nécessité de garantir la sécurité des participants et des touristes dans la zone concernée et de faire respecter l’ordre public. Il mentionnait également l’absence de notification appropriée de la manifestation. Le défilé a été interdit alors que le comité organisateur avait informé les autorités et entamé un dialogue avec elles plusieurs semaines avant la date prévue pour la Marche des fiertés. Bien qu’il existe des motifs légitimes de restriction du droit à la liberté de réunion pacifique, l’interdiction du défilé par les autorités et les motifs invoqués vont directement à l’encontre des obligations de la Turquie découlant du droit à la liberté de réunion pacifique protégé par les normes internationales, notamment la Convention européenne des droits de l’homme et la Constitution turque. Amnesty International considère l’interdiction comme une tentative flagrante des autorités d’empêcher les personnes LGBT et ceux qui les soutiennent de s’exprimer, ce qui constitue une violation de leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Dimanche 25 juin, une vaste opération de police regroupant plusieurs centaines de policiers en civil et de membres des brigades antiémeutes, appuyés par des véhicules équipés de canons à eau et un hélicoptère, a véritablement bouclé la zone dans laquelle le défilé devait avoir lieu. Des policiers ont également bloqué les rues adjacentes et empêché des personnes considérées comme des manifestants potentiels d’accéder à la zone où devait se dérouler la Marche des fiertés. Alors que l’opération de police empêchait des personnes qui souhaitaient participer au défilé de se rassembler en un seul groupe, la police a fait un usage excessif et injustifié de la force en utilisant des chiens, du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre des petits groupes de personnes qui tentaient de rejoindre le défilé. Des observateurs d’Amnesty International ont vu des policiers qui arrêtaient des personnes de manière arbitraire, apparemment au hasard, dans les groupes qui s’étaient formés. Des avocats ont déclaré à l’organisation que 26 personnes, dont deux enfants et au moins un journaliste qui rendait compte de la Marche des fiertés, ont été interpellés et relâchés par la suite. Selon certaines sources, une quinzaine de contre-manifestants ont également été brièvement retenus par la police.
Amnesty International appelle les autorités à ne pas engager de poursuites pénales contre les participants à la Marche des fiertés d’Istanbul qui ont été arrêtés et à veiller au respect du droit à la liberté de réunion pacifique de tous les individus, y compris ceux qui participent à des défilés de la Marche des fiertés.

mardi 27 juin 2017

Action urgente Bangladesh

BANGLADESH : 23 HOMMES ONT ÉTÉ LIBÉRÉS SOUS CAUTION, MAIS ON CRAINT TOUJOURS POUR LEUR SÉCURITÉ

Sur les 28 hommes arrêtés lors d’un événement à l’extérieur de Dacca le 19 mai, 23 ont été libérés sous caution. Bien qu’il semble qu’ils aient initialement été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir enfreint l’interdiction des « rapports charnels contre nature » inscrite dans le Code pénal, les 28 hommes ont été inculpés au titre de la Loi de 1990 sur le contrôle des stupéfiants. La demande de libération des cinq hommes toujours en détention doit être examinée le 21 juin. Des connaissances des hommes inculpés ont été convoquées pour être interrogées.

Sur les 28 jeunes hommes arrêtés lors d’un événement le 19 mai à Keraniganj, une ville située au sud de Dacca, la capitale, 23 ont été libérés sous caution à l’issue de plusieurs audiences ces dernières semaines. La demande de libération des cinq hommes toujours détenus à la prison centrale de Kashimpur (une prison de haute sécurité) doit être examinée lors d’une audience prévue le 21 juin. On ignore pourquoi ces cinq hommes sont toujours détenus et n’ont pas encore été libérés sous caution.

Pour en savoir plus et pour voir comment agir, cliquer ici

vendredi 23 juin 2017

Réaction- Russie

AMNESTY INTERNATIONAL
RÉACTION

AILRC-FR

20 juin 2017
Russie. La décision de la CEDH met en évidence la nature homophobe de la « loi sur la propagande homosexuelle »

En réaction à la décision de la CEDH qui a jugé que la loi russe sur la « propagande homosexuelle » était discriminatoire, Denis Krivosheev, directeur adjoint de la recherche pour l'Europe et l'Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« Cette législation a toujours été ni plus ni moins homophobe. »

« La loi est ouvertement discriminatoire et viole le droit à la liberté d'expression. Son adoption a participé à créer un climat d’homophobie et de violence à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées en Russie. »

« Nous nous réjouissons d’autant plus de la décision de ce mardi 20 juin, qu’il y a urgence à enquêter sur l’effroyable campagne d’enlèvements de masse et de torture d’hommes perçus comme étant gays en Tchétchénie. »

« Nous renouvelons nos appels aux autorités russes pour leur demander d’abroger leur législation homophobe, de mettre fin aux pratiques discriminatoires et de respecter pleinement le droit à la liberté d'expression de chacun. Les autorités doivent également enquêter efficacement sur toutes les affaires de violence homophobe en Russie. »

lundi 12 juin 2017

Pétition Japon


Actuellement, aucune protection contre les discriminations en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre n’existe au Japon. Les déclarations publiques des responsables politiques encouragent ces discriminations. De plus, le changement d’état civil n’est possible qu’en remplissant des critères qui violent les droits humains (stérilisation, chirurgie de réassignation sexuelle, célibat). 
Il ne s’agit pas de demander la création de nouveau droits pour les personnes LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Trans, Intersexes) mais bien que les personnes LGBTI puissent jouir de leurs droits fondamentaux sans discrimination.

Pour signer la pétition, cliquez ici

mercredi 7 juin 2017

Article Amnesty Tchétchénie

AMNESTY INTERNATIONAL
ARTICLE

AILRC-FR
30 mai 2017
« Il n’y a plus aucun salut » – Les gays de Tchétchénie doivent être protégés de toute urgence

Cela fait deux mois que le quotidien russe indépendant Novaya Gazeta a publié des informations indiquant que les autorités de la Tchétchénie arrêtaient, torturaient et même tuaient des hommes gays dans le cadre d’une campagne déplorable visant à purger cette république des personnes ayant une « orientation non traditionnelle ».  

Pour le reste du monde, cette nouvelle a été un choc. Pour la population homosexuelle de Tchétchénie, les récents événements représentent une escalade terrifiante de l’homophobie profondément ancrée dans la société qu’elle a connue toute sa vie. C’est l’approche systématique qui est nouvelle et fait froid dans le dos. 

« Avant, l’homophobie se traduisait par des incidents isolés, a déclaré Akhmad*, qui se cache aujourd’hui, à Amnesty International. Mais à présent, il n’y a plus aucun salut – il s’agit de persécution au niveau des autorités. »

Il est difficile d’imaginer la solitude que ressentent les personnes homosexuelles en Tchétchénie. Officiellement, elles n’existent même pas. Les déclarations répétées des autorités affirmant qu’il n’y a pas de gays en Tchétchénie les condamnent à une vie d’invisibilité, où leurs droits peuvent être bafoués en toute impunité. 

Peut-être encore pire, la rancœur homophobe est si profondément ancrée dans la société qu’elles doivent cacher leur identité à leur famille et leurs plus proches amis. Des crimes d’« honneur » ont encore lieu en Tchétchénie, visant à laver les taches soi-disant faites à l’honneur d’une famille, parmi lesquelles figurent les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Un homme a indiqué à Amnesty International qu’il savait qu’un homme gay avait été abattu par ses proches et n’avait pas eu droit à un enterrement :

« Pour un musulman, ne pas avoir de funérailles est particulièrement grave. C’est comme si le défunt n’avait jamais existé, comme si personne n’avait le droit de se souvenir de lui. »

Pourtant, les gays tchétchènes existent bel et bien, et ils ont désespérément besoin d’aide. 

Il est peu probable que celle-ci vienne de chez eux. Cette effroyable persécution est dirigée par Ramzan Kadyrov, l’homme le plus puissant de Tchétchénie, qui jouit d’une impunité totale pour les violations des droits humains commises  depuis des années. 

Certaines informations signalent déjà que la police tchétchène envisage de porter plainte pour diffamation contre les journalistes de Novaya Gazeta qui ont révélé l’affaire. Bien que Ramzan Kadyrov affirme être prêt à coopérer avec l’enquête, il continue de nier l’existence même des personnes qu’il persécute.

Tant que les autorités tchétchènes vivront dans leur propre version de la réalité, les gays de Tchétchénie n’auront aucun espoir de protection ni de justice dans leur région ou leur pays. Amnesty International s’est entretenue avec des témoins qui ont décrit comment des hommes soupçonnés d’être homosexuels sont humiliés publiquement lorsque les autorités viennent les chercher – ils sont emmenés de force devant leurs familles et leurs collègues, si bien qu’ils risquent des représailles même s’ils sont finalement libérés.

Avec le mélange toxique d’une société profondément conservatrice et d’un climat de peur engendré par le régime autoritaire de Ramzan Kadyrov, les représentants de l’État peuvent se comporter ainsi en plein jour sans crainte d’être amenés à rendre des comptes. 

Les tourments infligés aux hommes gays visent à les humilier ainsi qu’à leur faire du mal physiquement. D’anciens détenus ont raconté que des gardiens de prison les avaient forcés à exécuter la danse traditionnelle des femmes du pays et à prendre des noms féminins, afin de les ridiculiser pour ne pas s’être conformés aux « idéaux » homophobes et misogynes de virilité. 

Certains ont eu des électrodes attachées à leurs lobes d’oreilles, comme des boucles d’oreilles. D’autres détails, encore plus choquants, que des hommes ont révélés à Amnesty International ne peuvent pas être partagés au risque de divulguer leur identité et de compromettre leur sécurité. 

Les hommes gays ne sont pas le premier groupe de population persécuté par les autorités tchétchènes et ne seront malheureusement pas le dernier. Depuis longtemps, celles-ci contrôlent et prennent pour cible diverses catégories de personnes qu’elles considèrent comme des menaces pour la sécurité et les « valeurs traditionnelles ». 
La sexualité et les relations intimes ne sont qu’un des domaines étroitement surveillés par le gouvernement de Ramzan Kadyrov, qui ne tolère aucune forme de critique. Les défenseurs des droits humains, les professionnels des médias et les militants politiques risquent tous des menaces, des manœuvres de harcèlement, voire des violences physiques. 
Il en est de même pour les citoyens ordinaires qui osent s’opposer publiquement aux autorités. Amnesty International a relevé des cas de personnes ayant exprimé leurs opinions ouvertement qui ont disparu, puis sont réapparues quelques jours plus tard dans des vidéos diffusées sur YouTube dans lesquelles elles présentent des excuses à Ramzan Kadyrov et au peuple tchétchène. Des hommes ont été forcés à apparaître sans pantalon dans certaines de ces vidéos – les autorités tchétchènes pratiquent l’humiliation de citoyens depuis longtemps. 

Dans le même temps, la condamnation internationale de ces atrocités ne s’est pas traduite par une aide concrète aux Tchétchènes en danger et aux hommes gays terrifiés. Pour l’heure, à la connaissance d’Amnesty International, seules quelques personnes ont obtenu l’asile dans des pays sûrs. Selon l’ONG Russian LGBT Network, une quarantaine de personnes vivent actuellement dans la clandestinité en Russie et tentent à tout prix de quitter le pays.

Rester dans n’importe quelle région de la Russie est dangereux pour elles. Les anciens détenus restent à portée de main des autorités tchétchènes et il existe un risque élevé de crimes d’« honneur » – dans certains cas, des personnes LGBTI ont été suivies dans d’autres régions et attaquées par leurs proches.

Il est donc impératif que les gouvernements du monde entier ouvrent leurs portes aux hommes gays fuyant la Tchétchénie. Il est essentiel que les gouvernements qui ont à juste titre condamné ces atrocités joignent le geste à la parole en veillant à ce que les Tchétchènes qui sollicitent une protection internationale puissent accéder à des procédures d’asile équitables.

Bien entendu, il incombe avant tout aux autorités tchétchènes et russes de faire cesser ces atrocités. Elles doivent commencer par relâcher toutes les personnes détenues uniquement pour ce qu’elles sont. La pression internationale doit être maintenue jusqu’à ce que les autorités tchétchènes et russes reconnaissent cette purge et les autres crimes contre la population et prennent des mesures efficaces pour traduire en justice les responsables présumés de ces actes. 

Cependant, pour les hommes pris au piège en Tchétchénie, menacés de toutes parts, la justice ressemble à une chimère et le plus urgent pour eux est tout simplement de partir. La communauté internationale doit jouer son rôle pour assurer leur sécurité. Il ne suffit pas de manifester un intérêt de pure forme pour les droits des LGBTI quand des personnes vivent dans l’ombre de la torture et de la mort.

*Son nom a été modifié.