dimanche 26 février 2017

Communiqué de presse Afrique

La «politique de diabolisation» menace les droits en Afrique de l’Est

  • Amnesty International publie son Rapport 2016/17
  • La montée de l’autoritarisme et l’escalade des conflits sont les principales causes des atteintes commises en Afrique de l’Est
  • Muthoni Wanyeki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grand Lacs, appelle à dénoncer la récupération politique de la question identitaire

Une politique de diabolisation s’est propagée sur toute la planète en 2016 et, dans la région Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs, la montée de l’autoritarisme et l’escalade des conflits ont donné lieu à une multiplication des atteintes aux droits humains, a déclaré Amnesty International mercredi 22 février 2017, lors du lancement de son évaluation annuelle de la situation des droits humains à travers le monde.

Son Rapport 2016/17, La situation des droits humains dans le monde, couvre 159 pays (dont 11 dans la région Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs) et offre une analyse complète de la situation des droits fondamentaux sur la planète. Il met en lumière le traitement honteux réservé aux réfugiés au Kenya, où ils ont été désignés comme boucs émissaires, le recours à des armes chimiques contre des civils au Soudan, les homicides de manifestants, tués de sang froid, en Éthiopie, l’emprisonnement de partisans de l’opposition et de jeunes militants en République démocratique du Congo (RDC), ou encore la mort de milliers de personnes au Soudan du Sud lorsque le conflit politique a pris une tournure ethnique.

« Bien souvent, des dirigeants qui se sont accrochés au pouvoir par tous les moyens n’ont fait que susciter la peur et diviser les populations, déployant des militaires face à des civils sans armes et imputant leurs propres échecs et incapacités à des minorités, y compris aux réfugiés », a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs.

« Dans plusieurs pays de la région, les chefs d’État ont agi au mépris de la Constitution afin de se maintenir au pouvoir, les élections n’étant que de pure forme. L’instabilité politique et les éruptions de violence qui en ont découlé ont créé un climat de peur, qui a contraint une partie de la population à trouver refuge dans les pays voisins. »

Au Burundi, la justice s’est entêtée à ne pas faire cas des victimes de violations des droits humains commises à la suite du refus du président Pierre Nkurunziza de quitter le pouvoir, et les forces de sécurité ont continué à se rendre coupables d’atteintes aux droits fondamentaux, notamment d’homicides illégaux, de disparitions forcées, d’actes de torture et autres mauvais traitements, ainsi que d’arrestations arbitraires. Pendant ce temps, le gouvernement n’avait d’autre préoccupation que le retrait du pays de la Cour pénale internationale (CPI), et le Burundi a été le premier pays africain à s’engager dans ce processus.

L’Érythrée est demeurée l’un des principaux pays d’origine des réfugiés, le gouvernement du président Isaias Afewerki faisant toujours preuve de la même intransigeance à l’égard de la dissidence. Dans un rapport publié en juin, la Commission d’enquête des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Érythrée a indiqué que des crimes (homicides, viols, actes de torture et réduction en esclavage, notamment) avaient été commis de manière systématique et généralisée dans les centres de détention et les camps d’entraînement militaire, entre autres lieux, dans le but d’instaurer un climat de peur, de dissuader les opposants et, au bout du compte, d’avoir le contrôle sur la population.

Cependant, fuir à l’étranger n’apportait parfois guère de soulagement étant donné que les États démissionnaient de leurs responsabilités et tournaient le dos à leurs obligations internationales en matière de protection des réfugiés. Le rapport annuel d’Amnesty International portant sur l’année 2016 montre que 36 pays dans le monde ont violé le droit international en renvoyant illégalement des réfugiés dans des pays où leurs droits étaient menacés.

Au Kenya, les autorités ont indiqué qu’elles prévoyaient de fermer le camp de réfugiés de Dadaab et de renvoyer dans leur pays plus de 250 000 réfugiés, somaliens pour la plupart, sous prétexte qu’ils représentaient une menace pour la sécurité.

« Pendant des mois, la menace de la fermeture de Dadaab a pesé sur les réfugiés ; bien que cette décision ait finalement été annulée par la Haute Cour en février, elle n’en reste pas moins un exemple typique des intentions délétères des États et montre que des personnes dans le besoin peuvent être désignées collectivement comme boucs émissaires », a déclaré Muthoni Wanyeki.

Dans toute la région, les agents chargés du maintien de l’ordre ont eu recours à une force excessive contre des manifestants qui tentaient de faire valoir leurs droits.

En Éthiopie, plus de 800 personnes ont été tuées au cours des mois de protestation contre l’exclusion politique et le creusement des inégalités foncières, en particulier dans la région d’Oromia.

En RDC, les forces de sécurité ont fait des dizaines de morts et de nombreux blessés en réprimant les multiples manifestations qui réclamaient la tenue des élections dans les délais et le départ du président Joseph Kabila à l’issue de son deuxième mandat.

En Ouganda, la police a dispersé de force des rassemblements pacifiques de l’opposition, arrêté arbitrairement des personnalités politiques de l’opposition, y compris des candidats à l’élection présidentielle, et infligé des actes de torture et d’autres mauvais traitements à des militants de l’opposition à l’approche des élections législatives de février. Le jour du scrutin, les émissions en direct ont été interdites et les réseaux sociaux ont été bloqués dans tout le pays, ce qui constituait une restriction illégale du droit à la liberté d’expression.

En août, des policiers ont battu et arrêté des membres de la communauté LGBTI (lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées), sur lesquels ils se sont aussi livrés à des attouchements, lors d’une marche des fiertés organisée à Kampala ; au moins deux personnes ont dû être hospitalisées. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, Simon Lokodo, a menacé d’appeler les Ougandais à s’en prendre aux gays.

Et pourtant, envers et contre tout, des citoyens ordinaires ont continué à défendre leurs droits.

Au Kenya, des centaines de personnes ont défilé afin de réclamer justice au nom de l’avocat spécialiste des droits humains Willie Kimani, de son client Josphat Mwendwa et du chauffeur de moto-taxi Stephen Muiruri, tous trois tués par la police. Les auteurs présumés de ces crimes sont en instance de jugement.

En RDC, les jeunes militants détenus pour avoir fait campagne contre le report des élections ont été libérés à la suite d’une mobilisation de grande ampleur en faveur des droits humains.

« Cela prouve que nous ne pouvons pas rester sans rien faire et attendre passivement des États qu’ils se battent pour nos droits. C’est nous, les citoyens, qui devons passer à l’action », a déclaré Muthoni Wanyeki.

« Face à l’intolérance croissante, nous devons aussi défendre les personnes qui s’opposent aux autorités et se font les champions des droits humains, en demandant à nos gouvernements de respecter les normes et les obligations établies de longue date en matière de droits fondamentaux. »


Pour de plus amples informations ou pour organiser une interview, veuillez prendre contact avec Seif Magango : +254 788 343897 ou +254 20 428 3020, ou seif.magango@amnesty.org

lundi 20 février 2017

Action urgente, Venezuela

VENEZUELA : UN HOMME TRANS ET SA FILLE SONT MENACÉS PAR LA POLICE

L’avocat transgenre Samantha Seijas a été menacé par un membre des forces de police d’Aragua (centre du Venezuela) alors qu’il portait plainte dans un poste de police, accompagné de sa fille. On craint pour leur sécurité.

Le 31 janvier 2017, après avoir porté plainte dans un poste de police, l’avocat transgenre Samantha Seijas et sa fille, AleskaSeijas, ont été frappés à la tête et au visage par des membres des forces de police d’Aragua, qui ont proféré des paroles dénigrantes telles que « alors, elle est passée où ta virilité ? » (¿no te la tiras de macho?), en référence à son identité de genre. Samantha Seijas a déclaré à Amnesty International qu’en plus de les avoir frappés, un des policiers l’avait menacé ainsi : « Prie Dieu que je ne te rencontre pas seul la nuit » (pídele a Dios que no teencuentre de nochesolapor la calle). Il est important de savoir que Samantha Seijas et sa fille vivent en face du poste de police.

Le lendemain de ces événements, Samantha Seijas a porté plainte devant le bureau du procureur. Il a peur qu’en raison de la proximité du poste de police, et par extension de la présence de membres des forces de police d’Aragua, ces menaces se réalisent.

À ce jour, aucune enquête n’aurait été ouverte suite à la plainte de Samantha Seijas.

Pour en savoir plus, pour un modèle de lettre, cliquez ici

mardi 14 février 2017

Action Urgente, Turquie

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BarbarosŞansal, styliste et militant LGBTI, est toujours en détention provisoire depuis le 3 janvier pour « incitation du public à la haine ou à l'hostilité » présumée, alors qu'un tribunal a pourtant rejeté l'acte d'accusation établi contre lui. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.

BarbarosŞansal, styliste et militant LGBTI, est maintenu en détention provisoire depuis le 3 janvier dans la prison de Silivri, près d'Istanbul, malgré le rejet le 6 février par un tribunal de l'acte d'accusation qui l'inculpait d'« incitation du public à la haine ou à l'hostilité » au titre de l'article 216 du Code pénal turc. L'accusation est fondée sur une courte vidéo qu'il a partagée la veille du Nouvel An et sur deux tweets, dont un qu'il nie avoir envoyé.

Le tribunal pénal de 1ère instance n° 43 d'Istanbul a rejeté l'acte d'accusation au motif que les éléments de preuve n’étaient pas suffisants pour confirmer les charges retenues contre lui. Selon l'avocat de BarbarosŞansal, le tribunal a statué que l'acte d'accusation n'expliquait pas comment BarbarosŞansal avait été en mesure d'envoyer l'un des tweets depuis Istanbul, alors qu'il se trouvait en réalité dans le territoire du nord de Chypre.

Tant le contenu du message vidéo que le tweet que BarbarosŞansal reconnaît avoir postés, sont protégés par le droit à la liberté d'expression et ne devraient pas donner lieu à des poursuites pénales. Amnesty International demande depuis longtemps aux autorités turques de modifier l'article 216 du Code pénal pour le mettre en conformité avec le droit international, en abrogeant les alinéas 2 et 3 de ce texte, qui prévoient des restrictions au droit à la liberté d'expression allant au-delà des limitations acceptables au regard du droit international.

L'avocat de BarbarosŞansal a également déclaré à Amnesty International que le ministère public avait demandé au ministre de la Justice l'autorisation d'ouvrir une nouvelle enquête au titre de l'article 301 du Code pénal pour « dénigrement de la nation turque ». Amnesty International demande l'abrogation de l'article 301 car il constitue une restriction directe et inacceptable du droit à la liberté d'expression.

Pour plus de détails sur cette action et un modèle de lettre, cliquez ici.

mercredi 1 février 2017

Participation d'Amnesty au festival DIAM de Toulouse

Ce festival de filsm contre les discriminations LGBT aura lieu du 6 au 12 février à Toulouse.

Amnesty sera à cette occasion partenaire (et présente au vernissage) de l'exposition photos sur les discriminations auxquelles font face les transgenres au Liban.

Pour plus de détails sur le festival, vous pourrez trouver le programme en cliquant ici