mercredi 18 juillet 2012

Turquie. À l’occasion du 4e anniversaire de son assassinat, Amnesty International réclame justice pour Ahmet Yıldız


À l’occasion du 4e anniversaire du meurtre d’Ahmet Yıldız, Amnesty International a demandé une nouvelle fois que les responsables de ce meurtre soient déférés à la justice dans le cadre d’un procès équitable.
Ahmet Yıldız a été abattu le 15 juillet 2008 devant chez lui à Üsküdar, un quartier situé sur la rive asiatique d’Istanbul. Beaucoup considèrent ce meurtre comme un « crime d'honneur » lié à l’homosexualité d’Ahmet Yıldız. Cette affaire symbolise l'échec des autorités turques à réagir à la violence visant les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Depuis quatre ans, l’unique suspect accusé du meurtre, le père de la victime, est toujours en liberté.
Dans les mois qui ont précédé sa mort, Ahmet Yıldız avait déposé une plainte auprès du parquet, demandant que les menaces que sa famille, notamment son père, lui adressait fassent l’objet d’investigations. Après son assassinat, il est apparu que le procureur du district d’Ümraniye avait décidé qu’aucun motif ne justifiait de lancer des poursuites eu égard à cette plainte. Des indices sérieux laissent à penser que le procureur n’a pas fondé sa décision, rendue en novembre 200 7, sur une enquête approfondie et efficace. Huit mois plus tard, Ahmet Yıldız était abattu.
Un mandat d'arrêt n’a été décerné qu’en octobre 2008, alors qu’Ahmet Yıldız avait signalé avoir reçu des menaces de mort. À cette époque-là, le père de la victime, unique suspect dans cette affaire, restait introuvable. Selon des relevés téléphoniques, il avait sans doute fui vers le nord de l’Irak ; toutefois, on ignore où il se trouve actuellement. Ouvert en septembre 2009, le procès était – et est toujours – au point mort, puisque le suspect identifié par les autorités turques n’a pas été appréhendé.
Depuis quatre ans, personne n’a été traduit en justice pour le meurtre d’Ahmet Yıldız. Amnesty International invite les autorités turques à garantir qu’il n’y aura plus de retards dans cette affaire, en exécutant rapidement, par tous les moyens dont elles disposent, le mandat d’arrêt international décerné récemment contre le père de la victime. Elle demande également qu’une enquête indépendante, impartiale, approfondie et efficace soit diligentée sur l’immobilisme dont ont fait preuve les autorités turques s’agissant de la plainte déposée par Ahmet Yıldız.

Amnesty International, déclaration publique

mercredi 4 juillet 2012

Marche de Paris














dimanche 1 juillet 2012

Bulgarie. Les mots ne suffisent pas pour combattre les crimes homophobes : il faut des actes

AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE

28 juin 2012

« Ce qu'il faudrait vraiment, c'est que les enfants à l'école apprennent la différence et apprennent à l'accepter – qu'on leur dise que gay ou pas gay, ça ne change rien. »
Hristina Stoïanova, mère d'un étudiant en médecine battu à mort en 2008 à Sofia en raison de son orientation sexuelle présumée

Le droit bulgare doit être réformé de toute urgence afin que les crimes homophobes dont sont trop souvent victimes les gays, les lesbiennes et les personnes bisexuelles et transgenres (LGBT) fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites satisfaisantes, recommande Amnesty International dans un document de synthèse publié le 28 juin 2012.

« Des dizaines de personnes LGBT ont été frappées ou violées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre réelle ou présumée ; l'une d'elles a même été tuée. Dans la plupart des cas, ces crimes n'ont pas fait l'objet d'une enquête satisfaisante et sont restés impunis », a déclaré Emily Gray, spécialiste de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre à Amnesty International.

« Non seulement les autorités bulgares ne respectent pas leur obligation de mettre au jour les mobiles homophobes ou transphobes de ces crimes, mais en plus elles n'en traduisent pas les auteurs en justice. »
Le document d'Amnesty International, intitulé Changing laws, changing minds: Challenging homophobic and transphobic hate crimes in Bulgaria, met l'accent sur le manque d'action efficace de la police et du parquet pour résoudre les crimes commis contre les personnes LGBT en raison des comportements discriminatoires généralisés et profondément ancrés dans la société.

« En l'absence de législation sur les crimes inspirés par la haine contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, les mobiles sont rarement recherchés ou révélés. Or, pour que la police puisse élaborer des stratégies efficaces de lutte contre ces crimes, il est important d'en mettre au jour les mobiles », a souligné Emily Gray.

Mihaïl Stoïanov, étudiant en médecine âgé de 25 ans, a été battu à mort dans un parc de Sofia le 30 septembre 2008. Deux suspects ont été arrêtés en 2010. Ces jeunes hommes ont été inculpés d'« actes de hooliganisme ayant provoqué la mort » et assignés à résidence pendant deux ans, puis libérés car le procureur n'avait pas prononcé leur mise en accusation pendant cette période.

Ivelina, Kaloïan, Mitko, Kristina et Svetlio ont été agressés par un groupe de jeunes hommes après la Marche des fiertés 2011 à Sofia.

Trois d'entre eux ont fini à terre, roués de coups de poing et de pied. Quand ils sont allés porter plainte tous les cinq, le policier a commencé par leur demander s'ils n'avaient pas provoqué cette agression.
Un an plus tard, la police n'a toujours pas identifié leurs agresseurs et affirme que cette affaire ne fait pas partie de ses priorités. « Je veux que cette affaire soit résolue. C'est important car cela montrera que les autorités ne sont pas indifférentes et qu'elles peuvent régler ce type de problèmes », a expliqué Ivelina à Amnesty International.

Les personnes transgenres sont victimes d'une discrimination encore plus grande et sont agressées plus souvent que les lesbiennes, les gays et les bisexuels. Dans certains cas, la police aurait refusé d'enquêter sur des violences visant des personnes transgenres. Cette discrimination les empêche souvent de trouver un emploi, et beaucoup n'ont pas d'autre choix que de se tourner vers le travail du sexe pour survivre.
Les autorités ont pris quelques mesures en faveur de l'égalité pour les personnes LGBT, notamment en dépénalisant les rapports entre personnes du même sexe et en fixant un âge de consentement identique pour tous en 2002 ; puis en interdisant la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle via la Loi de protection contre la discrimination en 2004

Par ailleurs, en mars 2012, les policiers ont suivi des sessions de formation à Sofia sur la manière de traiter les crimes inspirés par la haine d'un groupe. Enfin, la dernière version du nouveau Code pénal présentée pour consultation en avril 2012 contient des dispositions sur les crimes liés à l'orientation sexuelle. Cependant, beaucoup reste à faire.

« Des mesures doivent être prises de toute urgence pour combattre les comportements fondés sur des préjugés et lutter contre l’homophobie et la transphobie généralisées. Une première étape importante serait l'adoption et la mise en œuvre d'une loi couvrant et définissant comme crimes homophobes les agressions commises contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre », a précisé Emily Gray

« Les autorités bulgares doivent faire clairement savoir que les attaques contre des personnes gays, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres ou perçues comme telles ne sauraient être tolérées, qu'elles feront l'objet d'enquêtes exhaustives et que leurs auteurs seront poursuivis. »



vendredi 22 juin 2012

revue de presse mai-juin


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mercredi 13 juin 2012

mardi 12 juin 2012

La Moldavie ne protège pas suffisamment les LGBTI contre les discriminations



Amnesty International s’inquiète du fait que la loi récemment adoptée en Moldavie pour lutter contre les discriminations ne permet pas de protéger correctement les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ni de mettre en place un dispositif exhaustif permettant de faire reculer ces actes.

Lundi 28 mai 2012, le président moldave a promulgué la nouvelle loi anti discrimination (dite « loi pour garantir l’égalité ») adoptée trois jours auparavant par le parlement.

Amnesty International se félicite du fait que la nouvelle loi donne une définition large de la discrimination en englobant à la fois les discriminations directes et indirectes, qu’elle prévoie la création d’un Conseil pour la prévention et la lutte contre les discriminations et pour la garantie de l’égalité, un mécanisme important pour que les victimes puissent obtenir réparation, et qu’elle instaure le principe du partage de la charge de la preuve entre la victime et l’accusé.

En revanche, l’organisation déplore profondément que le texte n’apporte pas une protection complète contre les discriminations motivées par l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Si les discriminations liées à d’autres motifs tels que la race, le groupe ethnique, la religion ou les convictions et le handicap sont interdites d’une manière générale et dans tous les domaines, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ne sont proscrites expressément que dans le domaine de l’emploi (article 7-1) et celles liées à l’identité de genre ne sont prohibées de façon explicite dans aucun domaine. Amnesty International est également préoccupée par le fait que, d’après la loi, l’interdiction de la discrimination ne peut aller à l’encontre de la définition de la famille reposant sur l’union entre un homme et une femme ; une telle restriction peut limiter considérablement la portée effective de la législation.

Amnesty International demande instamment aux autorités moldaves de modifier la nouvelle loi pour la mettre en conformité avec les obligations internationales de la Moldavie, et d’adopter un dispositif visant à lutter de façon exhaustive contre la discrimination sous toutes ses formes, en prévoyant notamment explicitement une protection contre les traitements iniques motivés par l’orientation sexuelle ou l’identité de genre dans tous les domaines de l’existence.

Complément d’information
L’an dernier, le clivage dans le débat public sur le projet de loi anti discrimination s’est accentué. Le texte, qui prévoyait au départ d’interdire dans tous les domaines la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, avait suscité une très forte opposition de la part de membres du parlement et de représentants de l’Église orthodoxe. Aussi, le gouvernement a-t-il modifié la loi en limitant le champ d’application de cette interdiction. L’état de santé, la fortune et l’origine sociale figuraient initialement parmi les motifs de discrimination interdits, avant d’être également retirés du texte. L’identité de genre n’a jamais fait parti des motifs de discrimination interdits, même dans les premières versions du projet législatif.

Ces dernières années, Amnesty International a rassemblé des informations sur les discriminations fréquemment infligées par des acteurs publics et privés aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) en Moldavie. En mars 2012, les conseils locaux de la ville de Bălţi (nord de la Moldavie) et des villages de Chetriş et Hiliuţi, dans les districts de Făleşti et d’Anenii Noi (centre-est du pays), ont adopté des mesures discriminatoires qui portent atteinte au droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique des personnes lesbiennes, gays et bisexuelles. Le conseil municipal de Bălţi a interdit « la propagande agressive d’orientations sexuelles non traditionnelles » ; des mesures similaires ont été prises dans d’autres municipalités. Le 29 mars 2012, les conseils locaux de Drochia (nord) et de Cahul (sud) ont adopté des dispositions semblables à celles de Bălţi, d’Anenii Noi et de Făleşti. Amnesty International a appelé les autorités locales à annuler ces dispositions. Un village du district de Făleşti est revenu sur sa décision à la suite de l’intervention du médiateur de Moldavie.

Amnesty International déplore le fait que les autorités moldaves ont pour habitude de ne pas protéger, voire d’interdire, les manifestations publiques des LGBTI. En mai 2008, la mairie de Chișinău, la capitale, avait interdit une manifestation du centre d’information GenderDoc-M, une association de défense des droits des LGBT, au motif que des organisations religieuses, des élèves et des habitants de la ville avaient réagi négativement à ce projet.

Certains représentants élus du gouvernement et des membres de l’Église orthodoxe ont tenu publiquement et à plusieurs reprises des propos homophobes. Par exemple, Marian Lupu, porte-parole du parlement, a fait plusieurs déclarations homophobes au cours d’une émission diffusée sur une chaîne de télévision nationale le 21 mai 2012. Amnesty International insiste sur le fait que les représentants de l’État et les personnes aspirant à des fonctions politiques devraient s’abstenir de relayer des propos homophobes et transphobes pouvant contribuer à aggraver les discriminations envers les LGBTI.

Le fait d’adopter une loi anti discrimination n’offrant pas de protection contre les discriminations motivées par l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne répond pas aux obligations incombant à la Moldavie au titre des traités internationaux auxquels elle est partie. L’article 2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) impose aux États de garantir le respect de tous les droits reconnus dans le traité, sans distinction aucune. L’article 26 dispose que les États doivent veiller à ce que chaque personne bénéficie d’une même protection efficace contre toute forme de discrimination, quel qu’en soit le motif. Le Comité des droits de l’homme a précisé que l’orientation sexuelle devait être considérée comme faisant parti des motifs de discrimination interdits prévus aux articles 2 et 26 du PIDCP (voir, par exemple, Toonen c. Australie, communication 488/1992,et Young c. Australie, communication 941/2000). L’article 14 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (Convention européenne des droits de l’homme) dispose que les droits reconnus par cet instrument doivent être garantis sans distinction aucune. De plus, l’exception liée à la définition de la famille prévue par la nouvelle loi pourrait aggraver les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle concernant l’accès à certains biens et services tels que la santé ou les prestations sociales. Par exemple, la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré que le refus d’étendre la couverture d’une assurance-maladie au ou à la partenaire d’un(e) assuré(e) homosexuel(le) constituait une violation du droit à la vie privée et du droit à ne pas subir de discriminations (voir P.B. et J.S. c. Autriche).

lundi 11 juin 2012

Action Saint Pétersbourg



À ce jour, aucune marche des fiertés n’a été autorisée en Russie. Les militants LGBTI ayant tenté d’organiser de tels événements malgré l’absence d’autorisation ont été arrêtés ou ont subi des violences.

Le 25 juin 2011, 14 militants pour les droits des LGBTI, qui avaient tenté d’organiser la Marche des fiertés slave à Saint-Pétersbourg, ont été arrêtés et maintenus en détention jusqu’au lendemain après-midi, avant d’être traduits devant un tribunal. À plusieurs reprises et de manière injustifiée, les autorités de Saint-Pétersbourg ont refusé de convenir avec ces militants d’un horaire et d’un emplacement pour que puisse avoir lieu la Marche des fiertés slave.

Cette année encore, la Marche des fiertés de Moscou a été interdite et des dizaines de militants LGBT ont été placés en détention le 27 mai, alors qu’ils cherchaient à se rassembler de manière pacifique devant la Douma municipale et l'hôtel de ville de Moscou.

L’interdiction de la Marche des fiertés de Moscou est le dernier épisode d’une série de violations du droit à la liberté d’expression et de réunion des militants LGBTI en Russie. Ceux-ci ont tenté d’organiser des manifestations, mais à maintes reprises, la police leur en a refusé l’autorisation ou les en a empêchés. Ils se sont ainsi retrouvés exposés à des actes de violence sans bénéficier d’une protection adéquate.

En mars 2012, une disposition législative interdisant la « propagande publique de l’homosexualité auprès des mineurs » est entrée en vigueur, après avoir été adoptée par l’Assemblée régionale de Saint-Pétersbourg. Celle-ci prévoit d’imposer des amendes pour les « actions publiques visant à faire la propagande auprès de mineurs de la sodomie, du lesbianisme, de la bisexualité et du transgenrisme ». Cette loi va à l’encontre de la liberté d’expression et de réunion des personnes LGBTI, puisqu’elle empêche les jeunes d’obtenir ou de partager des informations essentielles pour leur santé et leur bien-être, notamment au sujet des groupes sociaux, des réseaux de soutien et de la santé sexuelle et reproductive. De plus, cette loi restreint fortement les activités des organisations de défense des droits des LGBTI à Saint-Pétersbourg, et alimente les discriminations et l’hostilité envers ces personnes.

 En mai dernier, l’éminent militant LGBTI russe Nikolaï Alexeïeva été condamné à payer une amende pour « propagande homosexuelle » au titre de cette loi. L’agence de presse Reuters a fait état de l’arrestation de 17 militants LGBTI à Saint-Pétersbourg en vertu de la loi contre la « propagande homosexuelle ». À l’occasion de la fête du travail, ces militants avaient participé à un défilé munis de drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Ci joint, une pétition à faire largement signer autour de vous (merci de bien respecter la date limite). Vous pourrez, dans la mesure du possible, nous indiquer le nombre de signatures obtenus.