Le 2 juillet, le tribunal du district de
Vassileïostrovski, à Saint-Pétersbourg, examinera la requête du parquet aux
fins d’enregistrement en tant qu’« agent étranger » de Vykhod (« Coming Out »),
une organisation de défense des droits des personnes lesbiennes, gays,
bisexuelles, transgenres ou intersexuées (LGBTI). C’est la troisième fois que
l’organisation est visée par cette procédure. Elle refuse catégoriquement
d’être qualifiée d’« agent étranger » et se bat en justice.
En octobre 2013, le parquet du District central de
Saint-Pétersbourg a engagé une procédure administrative contre Vykhod (« Coming
Out »), aux motifs que l’ONG participait à des « activités politiques » et
avait reçu des financements étrangers. Au regard du droit russe, cela signifie
que l’ONG doit se déclarer comme « agent étranger ». Le parquet a avancé que
l’action menée par l’ONG contre la loi portant interdiction de la « propagande
des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur », adoptée par le
Parlement russe en 2013, constituait une « activité politique ». Il a cité, à
titre d’exemples de ces « activités politiques », des articles diffusés sur le
site web de l’ONG, une brochure publiée en 2012 (Discrimination of LGBT: What,
How and Why?) et une manifestation organisée en janvier 2013 à
Saint-Pétersbourg, déclarant qu’elles visaient toutes à « modeler l’opinion
publique » dans le but d’« influencer le processus décisionnel du gouvernement
».
Lors d’une audience tenue en mai, le procureur a présenté
une analyse de la brochure Discrimination of LGBT: What, How and Why?. Dans
cette analyse, on pouvait lire que Vykhod tentait de « s’aligner sur les
pratiques sociales les plus avancées de certains pays étrangers ayant une
attitude déviante par rapport à la morale chrétienne ». Il y était fait
référence à l’« opinion de la majorité », à l’orthodoxie et à l’islam, et à la
gagnante de l’Eurovision de cette année, Conchita Wurst, considérée comme une
preuve de l’« abomination contre nature de l’homosexualité ». Il y était
également soutenu que, d’une part, cette brochure « stimulait l’homophobie »
et, d’autre part, « cherchait à combattre la loi fédérale » punissant les
auteurs de « propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant
mineur ».
Le climat d’intolérance à l’égard des LGBTI qui règne
actuellement en Russie, auquel vient s’ajouter une hausse des actes de
harcèlement dont sont la cible les ONG indépendantes dans le pays de la part
des autorités, n’est pas propice à la tenue d’un procès impartial, et il est à
craindre que Vykhod n’obtienne pas gain de cause le 2 juillet.
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