vendredi 17 juin 2016

Communiqué de presse Ouganda

Ouganda. Il faut enquêter sur les cambriolages qui visent les bureaux
                              d'organisations
Ces attaques en série indiquent que les auteurs agissent en toute impunité

Kampala,  13  juin  2016  –  Les Forces de police ougandaises (UPF) doivent
mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie et transparente sur
une série d'attaques visant des organisations non gouvernementales (ONG) et
des  défenseurs  des  droits  humains  ougandais et amener les responsables
présumés  à rendre des comptes, ont déclaré 31 organisations ougandaises et
internationales  de  défense  des droits humains dans une lettre adressée à
l'inspecteur  général  de  la police. Au regard de la gravité d'une récente
attaque,  au  cours de laquelle un agent de sécurité a été battu à mort, il
est  urgent de prendre des mesures, d'autant que personne n'a été tenu pour
responsable.

Entre  avril  et  mai  2016,  des  cambrioleurs se sont introduits dans les
locaux  d'au moins trois organisations à Kampala – le Forum des éducatrices
africaines  (FAWE),  le Forum de sensibilisation et de promotion des droits
humains  (HRAPF),  et  le  Réseau  des  droits  humains  pour  les
journalistes-Ouganda  (HRNJ-Ouganda).  Ces  cambriolages  font  suite à une
vingtaine  d'autres  qui  ont  ciblé  les  bureaux  d'ONG  depuis  2012.
L'inspecteur  général  de  la  police  a  mis  sur  pied une équipe de huit
policiers  chargés  d'enquêter  sur  ces  affaires  en  juillet  2014, mais
personne n'a encore été traduit en justice.

« L'absence d'obligation de rendre des comptes pour ces attaques visant des
ONG  a généré un climat dans lequel les assaillants sont allés jusqu'à tuer
un  agent  de sécurité pour parvenir à leurs fins, a déclaré Maria Burnett,
chercheuse  sur  l'Afrique  à  Human  Rights  Watch.  Les  Forces de police
ougandaises  doivent  se  montrer  à la hauteur de leur mission et enquêter
activement  sur ces affaires afin de déférer les responsables présumés à la
justice. »

Au Forum de sensibilisation et de promotion des droits humains (HRAPF), les
cambrioleurs ont battu à mort l'agent de sécurité Emmanuel Arituha, saccagé
les  bureaux  du directeur et de son adjoint, et dérobé des documents et un
écran  de  télévision. En revanche, ils n'ont pas pris les ordinateurs, les
portables ni les équipements électroniques. Ses collègues évoquent Emmanuel
Arituha en parlant d'un homme « toujours souriant et très impliqué dans son
travail  ».  Il  a  été  tué  alors  qu'il contribuait à payer les frais de
scolarité de ses deux plus jeunes frères et sœurs.

Au  Forum  des  éducatrices africaines (FAWE), les cambrioleurs ont volé un
serveur,  des  ordinateurs  portables  et  de  bureau,  des  caméras et des
projecteurs.  Sur  les images vidéos enregistrées dans les locaux du Réseau
des  droits  humains  pour les journalistes-Ouganda (HRNJ-Ouganda), on peut
voir  un  visiteur  donner  un  plat  contenant  des sédatifs aux agents de
sécurité,  laissant  la  voie  libre  à  quatre individus pour fouiller les
locaux  une  fois  les  gardiens  endormis.  Plus de deux semaines après la
dernière attaque, la police n'a procédé à aucune arrestation.

Les  organisations  dont  les  bureaux  ont été visités en 2014 incluent le
Réseau  des  droits  de  l'homme-Ouganda,  la  Coalition anti-corruption en
Ouganda,  l'Uganda  Land  Alliance,  le  Groupe d'action pour la santé, les
droits  humains  et  le VIH/SIDA, et Lira NGO Forum. Ces organisations sont
bien  connues  pour  leur  travail  sur des sujets sensibles – notamment la
corruption,  les  droits  à la terre, la liberté d'expression et les droits
des  lesbiennes,  gays,  bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) – et
pour leur critique des politiques gouvernementales.

Lors  d'une  attaque contre les locaux de l'Uganda Land Alliance en juillet
2015,  un  autre agent de sécurité, Richard Oketch, avait été battu à mort.
Personne n’a été arrêté pour ce meurtre.

Chaque incident a été signalé à la police en temps voulu, mais l'enquête et
le  recueil  d'éléments  de preuve (déclarations de témoins, preuves ADN et
images  de  vidéosurveillance  notamment)  ont été limités et ont manqué de
suivi.  Dans  certains cas, la police ne donnait pas suite aux plaintes et,
le  plus  souvent,  ne  livrait  pas  d'informations  substantielles sur le
déroulement des enquêtes.

«  Les défenseurs des droits humains travaillent déjà dans un environnement
difficile  et  souvent  répressif  en  Ouganda,  a  déclaré  Adrian Jjuuko,
directeur  exécutif  du  HRAPF.  Nous  sommes déterminés à poursuivre notre
travail pour la population ougandaise, mais nous avons besoin que la police
prenne  en compte ces menaces qui visent nos biens, notre sécurité physique
et même nos vies. »

En  tant  qu'État partie à la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples  et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques,
l’Ouganda  est  tenu de garantir le droit à la vie et le droit à la liberté
et  à  la  sécurité de tous, ainsi que le droit à la liberté d'association,
droits  gravement  piétinés  lorsque les organisations ne peuvent pas faire
leur  travail  dans  un environnement sûr. La Déclaration des Nations unies
sur  les  défenseurs  des  droits  de l’homme dispose que les États doivent
prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  assurer que les autorités
compétentes  «  protègent  toute  personne [...] de toute violence, menace,
représailles,  discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action
arbitraire » dans le cadre de leur travail de défense des droits humains.

Les  organisations  signataires  de  la  lettre  ont demandé à l'inspecteur
général  de  la  police  de clarifier les mesures prises par la police pour
enquêter sur les derniers cambriolages, et sur la précédente vague en 2014.
Elles lui demandent également de préciser comment la police compte protéger
les  défenseurs  des  droits  humains,  notamment  les  membres du HRAPF et
d'autres  ONG dont les bureaux ont été visités, contre de nouveaux actes de
violence.

«  Au  regard  de  l'absence  d'obligation  de  rendre  des  comptes  et de
l'impunité  persistante  pour  les attaques ciblant des défenseurs et leurs
bureaux,  cela  revient à dire que les autorités cautionnent et tolèrent de
tels  actes, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe pour l'Afrique de
l'Est,  la  Corne  de  l'Afrique  et  la  région  des Grands Lacs à Amnesty
International.  Mettre  fin  à  l'impunité  est  essentiel pour protéger et
assurer  un environnement sûr et constructif pour les défenseurs des droits
humains. »

Parmi les signataires de la lettre figurent notamment :
Amnesty International Kenya
Centre for Human Rights, Université de Pretoria (Afrique du Sud)
Chapter Four Uganda, Ouganda
COC-Netherlands, Pays-Bas
Commonwealth Human Rights Initiative, New Delhi
Community Development and Child Welfare Initiatives (CODI) Uganda, Ouganda
Projet  Défenseurs  de  l'Est  et de la Corne de l'Afrique (EHAHRDP)/Defend
Defenders, Ouganda
FOKUS – Forum for Women and Development, Norvège
Foundation for Human Rights Initiative, Ouganda
Freedom House, Etats-Unis
FRI  -  Organisation  norvégienne  pour  la diversité sexuelle et de genre,
Norvège
Health GAP, Etats-Unis
Human Dignity Trust, Royaume-Uni
Forum  de  sensibilisation  et  de  promotion  des  droits humains (HRAPF),
Ouganda
Réseau des droits humains pour les journalistes, Ouganda
Réseau des droits de l'homme, Ouganda
Human Rights Watch, Etats-Unis
Icebreakers, Ouganda
Association  internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels et
intersexués (ILGA), Suisse
Initiative for Social and Economic Rights (ISER), Ouganda
Legal Aid Service Providers Network-Laspnet, Ouganda
NGO Forum, Ouganda
Pan Africa ILGA, Afrique du Sud
Robert F. Kennedy Human Rights, Etats-Unis
Sexual Minorities Uganda (SMUG), Ouganda
The  African  Centre  for  Treatment  and Rehabilitation of Torture Victims
(ACTV), Ouganda
The National Coalition on HRDs, Ouganda
Uganda Land Alliance, Ouganda
Uganda Network of AIDS Service Organisations (UNASO), Ouganda
UHAI-EASHRI, Kenya
Unwanted Witness, Ouganda

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