lundi 9 avril 2018
Tout nouveau tout beau!
Retrouvez ici le nouveau bulletin de la commission Orientation Sexuelle et Identité de Genre d'Amnesty International!
dimanche 4 mars 2018
Action Urgente Indonésie
INDONÉSIE : DOUZE PERSONNES PRESUMEES TRANSGENRES ONT ÉTÉ TORTURÉES EN PUBLIC
Des personnes que les forces de police de l’Aceh-Nord pensent être des femmes transgenres ont été arrêtées arbitrairement, humiliées et torturées le 27 janvier. Même si elles ont été libérées sans inculpation le lendemain, ces personnes restent profondément traumatisées ; certaines ont perdu leur travail et d’autres ont été obligées de fuir car ellescraignaient pour leur sécurité.
Le 27 janvier 2018, les forces de police de l’Aceh-Nord ont effectué des descentes dans cinq salons de beauté, lieu de travail courant pour les femmes transgenres en Indonésie, dans la province de l’Aceh et ont arrêté 12 personnes. Le chef de la police a conduit ces 12 personnes dans son bureau cette nuit-là et, à 23 heures, leur a ordonné de marcher d'une manière humiliante jusqu'à un parc non loin de là. Lorsque l'une des femmes transgenres a refusé d’obtempérer, le chef de la police a effectué un tir de sommation pour lui faire peur.
Pour en savoir plus sur cette action, cliquez ici.
Des personnes que les forces de police de l’Aceh-Nord pensent être des femmes transgenres ont été arrêtées arbitrairement, humiliées et torturées le 27 janvier. Même si elles ont été libérées sans inculpation le lendemain, ces personnes restent profondément traumatisées ; certaines ont perdu leur travail et d’autres ont été obligées de fuir car ellescraignaient pour leur sécurité.
Le 27 janvier 2018, les forces de police de l’Aceh-Nord ont effectué des descentes dans cinq salons de beauté, lieu de travail courant pour les femmes transgenres en Indonésie, dans la province de l’Aceh et ont arrêté 12 personnes. Le chef de la police a conduit ces 12 personnes dans son bureau cette nuit-là et, à 23 heures, leur a ordonné de marcher d'une manière humiliante jusqu'à un parc non loin de là. Lorsque l'une des femmes transgenres a refusé d’obtempérer, le chef de la police a effectué un tir de sommation pour lui faire peur.
Pour en savoir plus sur cette action, cliquez ici.
mardi 20 février 2018
Indonésie. La police ne doit pas agresser mais protéger les femmes transgenres exposées aux menaces en Aceh
AMNESTY INTERNATIONAL INDONÉSIE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
14 février 2018
Indonésie. La police ne doit pas agresser mais protéger les femmes transgenres exposées aux menaces en Aceh
Les autorités indonésiennes manquent totalement à leur devoir de protection envers les femmes transgenres, maltraitées et humiliées par la police dans l'Aceh-Nord le 27 janvier. Certaines ont déjà été contraintes de partir se cacher car elles craignent pour leur sécurité, a déclaré Amnesty International Indonésie le 14 février 2018.
Amnesty International Indonésie s’est entretenue avec certaines victimes dans un lieu tenu secret, près de l'Aceh, où elles ont dû se réfugier après avoir perdu leur emploi. En outre, elles ont été la cible de violences verbales et physiques de la part de leurs proches et de la population.
Elles ont raconté ce qu'elles ont subi le 27 janvier, lorsque la police a effectué des descentes dans les salons de beauté où elles travaillent, les a publiquement humiliées, leur a donné des coups de pied, les a giflées, et leur a coupé les cheveux pour « débarrasser l'Aceh de tous les transgenres ».
« Ces femmes transgenres ont été arrêtées et soumises à des mauvais traitements par la police uniquement en raison de qui elles sont, et certaines continuent d’en subir les conséquences car elles ont perdu leur moyen de subsistance et ont dû fuir leur foyer. C'est un échec total des autorités indonésiennes s'agissant de protéger leurs droits humains, a déclaré Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie.
« Les autorités locales et de simples citoyens, au nom de la charia (loi islamique), ont agi de connivence pour agresser et humilier ces femmes transgenres. Nous estimons que les actes de la police s'apparentent à de la torture au titre du droit international. Les responsables présumés de ces agissements doivent faire l'objet d'enquêtes et rendre des comptes, y compris les membres de la police de l'Aceh-Nord qui ont effectué les descentes au nom de la " guerre contre les transgenres ".
« Le président Joko Widodo doit s’adresser à la police nationale pour qu’elle ordonne à la police de l'Aceh-Nord de cesser d'agresser les transgenres et de les protéger, si elles sont la cible de menaces et d'intimidations de la part de la population locale. Elle doit aussi agir sans attendre, en coopération avec d'autres autorités, afin de garantir que les 12 victimes bénéficient immédiatement de la protection dont elles ont besoin et puissent rentrer chez elles en toute sécurité et retrouver leur emploi. »
Vivre dans la peur
Profondément traumatisées par les descentes, les victimes ont accepté de s’entretenir avec Amnesty International à condition de garder l'anonymat. Certaines sont aujourd'hui en fuite, à la recherche d'un endroit plus sûr dans une autre région du pays, car elles vivent dans la peur que la police vienne les arrêter à tout moment.
Depuis le 27 janvier, certaines sont la cible d’actes d’intimidation de voisins, voire de membres de leur famille. L'une d’elles a reçu des coups de pied et on lui a jeté une pierre dessus plusieurs jours après les raids. En outre, elles ne peuvent plus faire vivre leurs familles puisqu'elles ont perdu leur emploi.
Parmi celles qui sont restées en Aceh, certaines n'ont eu d'autre choix que d'accepter de « se comporter comme des hommes », comme l'exigeait la police, mais elles ont du mal à trouver un emploi, car les embaucher fait peur.
Humiliées pendant des heures
Les femmes transgenres ont raconté à Amnesty International ce qu’elles ont subi le 27 janvier, lorsque la police leur a infligé des « punitions » qui constituent un traitement cruel, inhumain ou dégradant, voire de la torture, au titre du droit international. Lors des descentes effectuées dans cinq salons de beauté dans l'Aceh-Nord, la police de ce district les a arrêtées, dans le cadre de son « programme visant à nettoyer l'Aceh des femmes transgenres ». Cette « guerre » serait soutenue par des habitants et des religieux locaux.
Durant les raids, le chef de la police de l'Aceh-Nord a prononcé un discours condamnant les femmes transgenres. Les personnes présentes ont applaudi ses propos et crié : « Chassez-les [de l'Aceh]. Brûlez-les. Tuez-[les]. » La police a même menotté l'une des victimes.
Après les raids, le chef de la police de l'Aceh-Nord a conduit les 12 victimes dans son bureau le 27 janvier à 23 heures. Les policiers leur ont ensuite ordonné de marcher d'une manière humiliante jusqu'à un parc non loin de là. Ils leur criaient dessus tout en leur donnant des instructions.
Devant de nombreuses personnes rassemblées pour assister à cette humiliation dans le parc, les policiers ont forcé les 12 transgenres à parodier une formation militaire – semble-t-il pour les rendre « plus masculins » – et leur ont ordonné de se rouler par terre dans le parc. Lorsque l'une d’entre elles a refusé d’obtempérer, le chef de la police de l'Aceh-Nord a effectué un tir de sommation pour leur faire peur à toutes. Un policier a ensuite lancé de l'eau au visage de l'une d’entre elles parce qu’elle protestait contre ce traitement inhumain.
La police les a contraintes à ôter leurs vêtements, les laissant en pantalons. L'une d'entre elles a refusé et déclaré : « Abattez-moi. C’est une question de dignité. » Le chef de la police a rétorqué : « Toi, une transgenre, tu n'as pas droit à la dignité. » Un policier a plus tard coupé de force les cheveux de six des victimes pour « les rendre masculins ». Elles ont par la suite reçu l'ordre d'uriner dans une bouteille pour un test de stupéfiants, devant de nombreuses personnes présentes dans le parc, mais ont refusé.
La police a ordonné à l'une des 12 victimes de laver les corps et les cheveux des autres à l'aide d'un tuyau d'arrosage. Le chef de la police de l'Aceh-Nord lui a alors donné des coups de pied parce qu’elle ne les avait pas lavées correctement. Il a ensuite ordonné aux 12 victimes de crier « comme un homme » et a giflé l'une d’entre elles au visage avec une sandale, parce qu'elle n’y parvenait pas. Un autre policier l’a plus tard giflée avec une sandale sur les oreilles et la bouche, lui ouvrant les lèvres.
Après les avoir humiliées pendant deux heures, la police leur a dit de s'asseoir par terre et les a emmenées jusqu'aux cellules de détention à 1 heure du matin. Elles ont été contraintes de dormir sur le sol froid, dans leurs pantalons mouillés, sans matelas.
La police a relâché 11 transgenres dans l'après-midi du 28 janvier, après les avoir contraintes à assister au sermon religieux d'un dignitaire musulman qui leur a enjoint de revenir à leur « nature », affirmant qu'il était « acceptable de tuer des transgenres ou d'autres personnes LGBTI, parce qu'ils sont plus diaboliques que les kafirs [infidèles] ». Il a ajouté que « le tsunami a frappé l'Aceh [en 2004] à cause [des pêchés] des personnes transgenres » et que si elles ne changeaient pas, personne ne se soucierait d'elles ni ne prierait pour elles à leur mort.
L'une des femmes transgenres a été maintenue en garde à vue jusqu'au 29 janvier, car la police a trouvé dans son téléphone portable une vidéo sexuellement explicite. Avant de les relâcher, la police a ordonné aux 12 victimes de signer un document, sans les autoriser à lire ce qui était écrit sur ce papier. En fait, elles acceptaient de ne plus agir « comme des femmes » à l'avenir et de ne pas se plaindre des comportements abusifs des policiers.
Réponse de l'État
Les descentes ont été effectuées dans un climat d'hostilité croissante envers les LGBTI (lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées) dans la province de l’Aceh. Au lieu d'offrir son soutien aux victimes, le gouverneur de l'Aceh Irwandi Yusuf a publiquement déclaré qu'il avait donné son aval à l'opération de police ciblant les femmes transgenres. Lors d'un rassemblement hostile aux LGBTI le 2 février, le gouverneur a assuré : « Nous ne haïssons pas les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles [en tant que personnes], mais nous haïssons leur comportement. »
Bien que le chef de la police de l'Aceh-Nord fasse actuellement l'objet d'une enquête interne menée par la police provinciale de l'Aceh sur les mauvais traitements présumés infligés aux femmes transgenres, le porte-parole de cette police provinciale a exprimé son soutien aux descentes lorsqu'il a rejoint le rassemblement anti-LGBT.
« Ces traitements et ces humiliations infligés aux transgenres bafouent clairement l'interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements. Circonstances aggravantes, ils ont été infligés par la police locale et soutenus par des religieux, a déclaré Usman Hamid. Il est scandaleux que des policiers lourdement armés effectuent une descente et arrêtent des femmes transgenres pour un seul motif : la haine.
« Les douloureux récits de ces femmes doivent être un coup de semonce pour les autorités d’Indonésie et du monde entier. Les droits humains de tous les Indonésiens, quels que soient leur orientation sexuelle, leur identité de genre et leur expérience, doivent être respectés et protégés de manière égale devant la loi.
« Le président Joko Widodo doit publiquement condamner les propos du gouverneur et faire clairement savoir que de telles attitudes sont inacceptables. »
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
14 février 2018
Indonésie. La police ne doit pas agresser mais protéger les femmes transgenres exposées aux menaces en Aceh
Les autorités indonésiennes manquent totalement à leur devoir de protection envers les femmes transgenres, maltraitées et humiliées par la police dans l'Aceh-Nord le 27 janvier. Certaines ont déjà été contraintes de partir se cacher car elles craignent pour leur sécurité, a déclaré Amnesty International Indonésie le 14 février 2018.
Amnesty International Indonésie s’est entretenue avec certaines victimes dans un lieu tenu secret, près de l'Aceh, où elles ont dû se réfugier après avoir perdu leur emploi. En outre, elles ont été la cible de violences verbales et physiques de la part de leurs proches et de la population.
Elles ont raconté ce qu'elles ont subi le 27 janvier, lorsque la police a effectué des descentes dans les salons de beauté où elles travaillent, les a publiquement humiliées, leur a donné des coups de pied, les a giflées, et leur a coupé les cheveux pour « débarrasser l'Aceh de tous les transgenres ».
« Ces femmes transgenres ont été arrêtées et soumises à des mauvais traitements par la police uniquement en raison de qui elles sont, et certaines continuent d’en subir les conséquences car elles ont perdu leur moyen de subsistance et ont dû fuir leur foyer. C'est un échec total des autorités indonésiennes s'agissant de protéger leurs droits humains, a déclaré Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie.
« Les autorités locales et de simples citoyens, au nom de la charia (loi islamique), ont agi de connivence pour agresser et humilier ces femmes transgenres. Nous estimons que les actes de la police s'apparentent à de la torture au titre du droit international. Les responsables présumés de ces agissements doivent faire l'objet d'enquêtes et rendre des comptes, y compris les membres de la police de l'Aceh-Nord qui ont effectué les descentes au nom de la " guerre contre les transgenres ".
« Le président Joko Widodo doit s’adresser à la police nationale pour qu’elle ordonne à la police de l'Aceh-Nord de cesser d'agresser les transgenres et de les protéger, si elles sont la cible de menaces et d'intimidations de la part de la population locale. Elle doit aussi agir sans attendre, en coopération avec d'autres autorités, afin de garantir que les 12 victimes bénéficient immédiatement de la protection dont elles ont besoin et puissent rentrer chez elles en toute sécurité et retrouver leur emploi. »
Vivre dans la peur
Profondément traumatisées par les descentes, les victimes ont accepté de s’entretenir avec Amnesty International à condition de garder l'anonymat. Certaines sont aujourd'hui en fuite, à la recherche d'un endroit plus sûr dans une autre région du pays, car elles vivent dans la peur que la police vienne les arrêter à tout moment.
Depuis le 27 janvier, certaines sont la cible d’actes d’intimidation de voisins, voire de membres de leur famille. L'une d’elles a reçu des coups de pied et on lui a jeté une pierre dessus plusieurs jours après les raids. En outre, elles ne peuvent plus faire vivre leurs familles puisqu'elles ont perdu leur emploi.
Parmi celles qui sont restées en Aceh, certaines n'ont eu d'autre choix que d'accepter de « se comporter comme des hommes », comme l'exigeait la police, mais elles ont du mal à trouver un emploi, car les embaucher fait peur.
Humiliées pendant des heures
Les femmes transgenres ont raconté à Amnesty International ce qu’elles ont subi le 27 janvier, lorsque la police leur a infligé des « punitions » qui constituent un traitement cruel, inhumain ou dégradant, voire de la torture, au titre du droit international. Lors des descentes effectuées dans cinq salons de beauté dans l'Aceh-Nord, la police de ce district les a arrêtées, dans le cadre de son « programme visant à nettoyer l'Aceh des femmes transgenres ». Cette « guerre » serait soutenue par des habitants et des religieux locaux.
Durant les raids, le chef de la police de l'Aceh-Nord a prononcé un discours condamnant les femmes transgenres. Les personnes présentes ont applaudi ses propos et crié : « Chassez-les [de l'Aceh]. Brûlez-les. Tuez-[les]. » La police a même menotté l'une des victimes.
Après les raids, le chef de la police de l'Aceh-Nord a conduit les 12 victimes dans son bureau le 27 janvier à 23 heures. Les policiers leur ont ensuite ordonné de marcher d'une manière humiliante jusqu'à un parc non loin de là. Ils leur criaient dessus tout en leur donnant des instructions.
Devant de nombreuses personnes rassemblées pour assister à cette humiliation dans le parc, les policiers ont forcé les 12 transgenres à parodier une formation militaire – semble-t-il pour les rendre « plus masculins » – et leur ont ordonné de se rouler par terre dans le parc. Lorsque l'une d’entre elles a refusé d’obtempérer, le chef de la police de l'Aceh-Nord a effectué un tir de sommation pour leur faire peur à toutes. Un policier a ensuite lancé de l'eau au visage de l'une d’entre elles parce qu’elle protestait contre ce traitement inhumain.
La police les a contraintes à ôter leurs vêtements, les laissant en pantalons. L'une d'entre elles a refusé et déclaré : « Abattez-moi. C’est une question de dignité. » Le chef de la police a rétorqué : « Toi, une transgenre, tu n'as pas droit à la dignité. » Un policier a plus tard coupé de force les cheveux de six des victimes pour « les rendre masculins ». Elles ont par la suite reçu l'ordre d'uriner dans une bouteille pour un test de stupéfiants, devant de nombreuses personnes présentes dans le parc, mais ont refusé.
La police a ordonné à l'une des 12 victimes de laver les corps et les cheveux des autres à l'aide d'un tuyau d'arrosage. Le chef de la police de l'Aceh-Nord lui a alors donné des coups de pied parce qu’elle ne les avait pas lavées correctement. Il a ensuite ordonné aux 12 victimes de crier « comme un homme » et a giflé l'une d’entre elles au visage avec une sandale, parce qu'elle n’y parvenait pas. Un autre policier l’a plus tard giflée avec une sandale sur les oreilles et la bouche, lui ouvrant les lèvres.
Après les avoir humiliées pendant deux heures, la police leur a dit de s'asseoir par terre et les a emmenées jusqu'aux cellules de détention à 1 heure du matin. Elles ont été contraintes de dormir sur le sol froid, dans leurs pantalons mouillés, sans matelas.
La police a relâché 11 transgenres dans l'après-midi du 28 janvier, après les avoir contraintes à assister au sermon religieux d'un dignitaire musulman qui leur a enjoint de revenir à leur « nature », affirmant qu'il était « acceptable de tuer des transgenres ou d'autres personnes LGBTI, parce qu'ils sont plus diaboliques que les kafirs [infidèles] ». Il a ajouté que « le tsunami a frappé l'Aceh [en 2004] à cause [des pêchés] des personnes transgenres » et que si elles ne changeaient pas, personne ne se soucierait d'elles ni ne prierait pour elles à leur mort.
L'une des femmes transgenres a été maintenue en garde à vue jusqu'au 29 janvier, car la police a trouvé dans son téléphone portable une vidéo sexuellement explicite. Avant de les relâcher, la police a ordonné aux 12 victimes de signer un document, sans les autoriser à lire ce qui était écrit sur ce papier. En fait, elles acceptaient de ne plus agir « comme des femmes » à l'avenir et de ne pas se plaindre des comportements abusifs des policiers.
Réponse de l'État
Les descentes ont été effectuées dans un climat d'hostilité croissante envers les LGBTI (lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées) dans la province de l’Aceh. Au lieu d'offrir son soutien aux victimes, le gouverneur de l'Aceh Irwandi Yusuf a publiquement déclaré qu'il avait donné son aval à l'opération de police ciblant les femmes transgenres. Lors d'un rassemblement hostile aux LGBTI le 2 février, le gouverneur a assuré : « Nous ne haïssons pas les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles [en tant que personnes], mais nous haïssons leur comportement. »
Bien que le chef de la police de l'Aceh-Nord fasse actuellement l'objet d'une enquête interne menée par la police provinciale de l'Aceh sur les mauvais traitements présumés infligés aux femmes transgenres, le porte-parole de cette police provinciale a exprimé son soutien aux descentes lorsqu'il a rejoint le rassemblement anti-LGBT.
« Ces traitements et ces humiliations infligés aux transgenres bafouent clairement l'interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements. Circonstances aggravantes, ils ont été infligés par la police locale et soutenus par des religieux, a déclaré Usman Hamid. Il est scandaleux que des policiers lourdement armés effectuent une descente et arrêtent des femmes transgenres pour un seul motif : la haine.
« Les douloureux récits de ces femmes doivent être un coup de semonce pour les autorités d’Indonésie et du monde entier. Les droits humains de tous les Indonésiens, quels que soient leur orientation sexuelle, leur identité de genre et leur expérience, doivent être respectés et protégés de manière égale devant la loi.
« Le président Joko Widodo doit publiquement condamner les propos du gouverneur et faire clairement savoir que de telles attitudes sont inacceptables. »
mardi 13 février 2018
Russie. La Cour suprême annule la décision d'expulsion d'Ali Ferouz
AMNESTY INTERNATIONAL
DÉCLARATION PUBLIQUE
AILRC-FR
25 janvier 2018
Index AI : EUR 46/7791/2018
Russie. La Cour suprême annule la décision d'expulsion d'Ali Ferouz
Le 24 janvier 2018, la Cour suprême de la Fédération de Russie a fait droit au recours introduit par le journaliste de Novaya Gazeta et militant d'Amnesty International Ali Ferouz, et annulé la décision, rendue contre lui en 2017 par une juridiction de premier degré, d'expulsion vers l'Ouzbékistan. La Cour a renvoyé l'affaire devant le tribunal municipal de Moscou.
Amnesty International se félicite de cette décision, mais continue de demander aux autorités russes de libérer immédiatement Ali Ferouz et de veiller à ce qu'il ne soit pas expulsé vers un pays où il risque réellement d'être torturé.
Dans sa décision, la Cour suprême a noté que la détention d'un ressortissant étranger dans l'attente de son expulsion de Russie « ne doit pas être considérée comme pouvant justifier son maintien en détention pour une durée indéterminée ». De plus, le collège de juges a recommandé que le tribunal municipal de Moscou, lors de son réexamen de l'affaire, tienne compte d'une lettre de l'ambassade d'Allemagne à Moscou confirmant que les autorités fédérales avaient accordé à Ali Ferouz un permis de séjour temporaire en Allemagne.
Ali Ferouz (dont le vrai nom est Khoudoberdi Nourmatov) a été arrêté à Moscou en août 2017. Les autorités lui reprochaient d'avoir violé les conditions de son permis de séjour sur le territoire de la Fédération de Russie. Le tribunal de l’arrondissement de Basmanni, à Moscou, l'a déclaré coupable et a décidé qu'il devait être renvoyé dans son pays. Le journaliste est depuis détenu au Centre de détention spécial pour les ressortissants étrangers à Moscou.
En 2009, Ali Ferouz a été contraint de fuir l'Ouzbékistan après avoir été arrêté et torturé par des agents du Service ouzbek de la sécurité nationale pour avoir refusé de collaborer secrètement avec eux. Ali Ferouz a demandé l'asile en Russie à plusieurs reprises, mais sa demande a à chaque fois été rejetée.
Amnesty International mène campagne depuis plusieurs mois pour qu'Ali Ferouz soit immédiatement remis en liberté.
jeudi 8 février 2018
Indonésie. La police doit cesser d’interpeller et de chercher à « rééduquer » les personnes transgenres
AMNESTY INTERNATIONAL
RÉACTION
AILRC-FR
29 janvier 2018
Indonésie. La police doit cesser d’interpeller et de chercher à « rééduquer » les personnes transgenres
En réaction aux opérations de la police indonésienne qui a arrêté 12 personnes transgenres dans le district de l'Aceh-Nord le 27 janvier, leur a coupé les cheveux de force pour « les rendre masculins » et a fermé les salons de beauté où ils travaillent, Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie, a déclaré :
« Ces descentes effectuées dans des salons de beauté illustrent la manière dont les autorités s'en prennent arbitrairement aux transgenres, uniquement en raison de qui ils sont. Même s’ils ne commettent aucune infraction, l'Aceh devient une province de plus en plus hostile à l’égard des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI).
« Couper les cheveux des personnes arrêtées pour les " rendre masculins " et les contraindre à s'habiller comme des hommes, c’est une forme d'humiliation publique qui constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant, et va à l’encontre des obligations internationales de l'Indonésie. Ces actes s'inscrivent dans la politique de harcèlement et de discrimination visant les LGBTI qui perdure dans la région ; les autorités doivent y mettre fin sans attendre. »
La police a relâché tous les transgenres le 28 janvier, sans les inculper. Le chef de la police locale a déclaré aux médias qu'il les a gardés pour un programme d’« éducation » destiné à en faire des hommes « normaux ».
« La soi-disant " rééducation " des transgenres par la police n'est pas seulement humiliante et inhumaine, elle est illégale et bafoue clairement les droits humains. Ces événements doivent faire l'objet d'enquêtes rapides et efficaces, a déclaré Usman Hamid.
« Dans la province de l’Aceh, ce ne sont pas seulement les transgenres qui subissent harcèlement, intimidation et agressions – tous les LGBTI sont exposés à de tels actes. Il faut mettre fin à ces agressions et traiter tous les habitants de l'Aceh de manière égale devant la loi. La police est là pour protéger tous les citoyens, pas pour les humilier ni violer leurs droits. »
Complément d’information
Le 27 janvier, dans le district de l'Aceh-Nord, la police a arrêté 12 transgenres et fermé cinq salons de beauté qui les emploient, des habitants du secteur s'étant plaints de leurs activités. La police leur a également coupé les cheveux et les a obligés à porter des vêtements d'hommes durant les descentes.
Quelques semaines auparavant, le 17 décembre 2017, des habitants et des organisations ont fait irruption dans un hôtel et remis six transgenres à des représentants de l’ordre public. Ils avaient appris qu'un concours de beauté transgenre avait lieu et, selon eux, un tel événement est contraire à la charia (loi islamique), en vigueur en Aceh.
En mai 2017, dans le cadre d'une autre violation de l'interdiction absolue de la torture et d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants, deux hommes ont reçu 83 coups de canne chacun, en public, après avoir été déclarés coupables par le tribunal de la charia de Banda Aceh de relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe (liwath), au titre du Code pénal islamique de l'Aceh. Bien que des règlements régissant l’application de la charia sont en vigueur en Aceh depuis l’adoption de la Loi spéciale relative à l’autonomie en 2001 et sont appliqués par des tribunaux islamiques, c'est la première fois que des homosexuels recevaient des coups de canne au titre de la charia dans cette province.
Des organisations de défense des droits des LGBTI font l’objet de poursuites dans d'autres régions du pays. Le 25 mai 2017, 141 hommes ont été arrêtés dans le district Nord de Djakarta après avoir participé à ce que la police a décrit comme une « partie fine homosexuelle ». Le lendemain, 126 d’entre eux ont été relâchés et 10 inculpés d'avoir fourni des « services pornographiques » en vertu de la Loi n° 44/2008 relative à la pornographie.
À l'exception de l'Aceh, les relations consenties entre personnes de même sexe ne constituent pas des infractions au Code pénal indonésien. Cependant, venant s’ajouter à un environnement déjà hostile envers les LGBTI en Indonésie, un projet d’amendement du Code pénal qui érigerait en infraction ce type de relations a été soumis par un groupe de législateurs de la Chambre des représentants.
RÉACTION
AILRC-FR
29 janvier 2018
Indonésie. La police doit cesser d’interpeller et de chercher à « rééduquer » les personnes transgenres
En réaction aux opérations de la police indonésienne qui a arrêté 12 personnes transgenres dans le district de l'Aceh-Nord le 27 janvier, leur a coupé les cheveux de force pour « les rendre masculins » et a fermé les salons de beauté où ils travaillent, Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie, a déclaré :
« Ces descentes effectuées dans des salons de beauté illustrent la manière dont les autorités s'en prennent arbitrairement aux transgenres, uniquement en raison de qui ils sont. Même s’ils ne commettent aucune infraction, l'Aceh devient une province de plus en plus hostile à l’égard des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI).
« Couper les cheveux des personnes arrêtées pour les " rendre masculins " et les contraindre à s'habiller comme des hommes, c’est une forme d'humiliation publique qui constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant, et va à l’encontre des obligations internationales de l'Indonésie. Ces actes s'inscrivent dans la politique de harcèlement et de discrimination visant les LGBTI qui perdure dans la région ; les autorités doivent y mettre fin sans attendre. »
La police a relâché tous les transgenres le 28 janvier, sans les inculper. Le chef de la police locale a déclaré aux médias qu'il les a gardés pour un programme d’« éducation » destiné à en faire des hommes « normaux ».
« La soi-disant " rééducation " des transgenres par la police n'est pas seulement humiliante et inhumaine, elle est illégale et bafoue clairement les droits humains. Ces événements doivent faire l'objet d'enquêtes rapides et efficaces, a déclaré Usman Hamid.
« Dans la province de l’Aceh, ce ne sont pas seulement les transgenres qui subissent harcèlement, intimidation et agressions – tous les LGBTI sont exposés à de tels actes. Il faut mettre fin à ces agressions et traiter tous les habitants de l'Aceh de manière égale devant la loi. La police est là pour protéger tous les citoyens, pas pour les humilier ni violer leurs droits. »
Complément d’information
Le 27 janvier, dans le district de l'Aceh-Nord, la police a arrêté 12 transgenres et fermé cinq salons de beauté qui les emploient, des habitants du secteur s'étant plaints de leurs activités. La police leur a également coupé les cheveux et les a obligés à porter des vêtements d'hommes durant les descentes.
Quelques semaines auparavant, le 17 décembre 2017, des habitants et des organisations ont fait irruption dans un hôtel et remis six transgenres à des représentants de l’ordre public. Ils avaient appris qu'un concours de beauté transgenre avait lieu et, selon eux, un tel événement est contraire à la charia (loi islamique), en vigueur en Aceh.
En mai 2017, dans le cadre d'une autre violation de l'interdiction absolue de la torture et d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants, deux hommes ont reçu 83 coups de canne chacun, en public, après avoir été déclarés coupables par le tribunal de la charia de Banda Aceh de relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe (liwath), au titre du Code pénal islamique de l'Aceh. Bien que des règlements régissant l’application de la charia sont en vigueur en Aceh depuis l’adoption de la Loi spéciale relative à l’autonomie en 2001 et sont appliqués par des tribunaux islamiques, c'est la première fois que des homosexuels recevaient des coups de canne au titre de la charia dans cette province.
Des organisations de défense des droits des LGBTI font l’objet de poursuites dans d'autres régions du pays. Le 25 mai 2017, 141 hommes ont été arrêtés dans le district Nord de Djakarta après avoir participé à ce que la police a décrit comme une « partie fine homosexuelle ». Le lendemain, 126 d’entre eux ont été relâchés et 10 inculpés d'avoir fourni des « services pornographiques » en vertu de la Loi n° 44/2008 relative à la pornographie.
À l'exception de l'Aceh, les relations consenties entre personnes de même sexe ne constituent pas des infractions au Code pénal indonésien. Cependant, venant s’ajouter à un environnement déjà hostile envers les LGBTI en Indonésie, un projet d’amendement du Code pénal qui érigerait en infraction ce type de relations a été soumis par un groupe de législateurs de la Chambre des représentants.
samedi 27 janvier 2018
Article. Nulle part où aller. Une femme transgenre coincée entre les gangs du Salvador et l'Amérique de Trump
AMNESTY INTERNATIONAL
ARTICLE
AILRC-FR
15 janvier 2018
Nulle part où aller. Une femme transgenre coincée entre les gangs du Salvador et l'Amérique de Trump
Josefina Salomon, responsable médias pour les Amériques à Amnesty International
Lorsque Cristel*, 25 ans, s'est réveillée un matin d’avril 2017, étendue sur le sol glacé d'une pièce de 2 m2, ses vêtements empestant faute de pouvoir les laver, l'estomac gargouillant à force de ne manger que trois burritos par jour et les yeux qui la piquaient, ayant cruellement besoin de lumière naturelle et d'air, n’ayant personne à qui parler et ne sachant pas ce que lui réservait l'avenir, elle pensait avoir touché le fond.
Huit jours auparavant, Cristel avait été arrêtée par le Service de contrôle de l’immigration et des douanes des États-Unis, à Tijuana, et conduite au centre de détention d'Otay Mesa à San Diego, en Californie. Elle a été placée à l'isolement, sans la moindre explication.
Ce matin-là, elle a presque oublié l’extrême violence qui imprégnait sa vie au Salvador, son pays natal.
Les menaces de mort à répétition qui l'empêchaient de dormir la nuit, les extorsions d'argent d'un montant si élevé qu'il ne lui restait plus rien pour s'acheter à manger, la balle qui avait tué son petit ami quelques mois auparavant. Toutes les raisons pour lesquelles elle savait que rester au Salvador, c’était se suicider.
Elle pensait être arrivée au bout du voyage. Elle pensait qu'après cinq années d’errance, elle était à court d’options. Qu'elle n'avait nul autre endroit où s'enfuir. Elle ne supportait pas l'idée d'être renvoyée de force au Salvador, pour retrouver cette vie qui la terrifiait.
Nous avons rencontré Cristel environ six fois sur une période d'un an et demi. La première fois au Salvador, son pays natal, puis au Mexique et en divers lieux entre les deux. À chaque fois, son histoire nous inquiétait un peu plus. À tel point que nous nous demandions comment un être humain pouvait endurer autant de violence et d'incertitude.
La peur, l'épuisement et la frustration se manifestent de nombreuses manières. Les changements physiques : la perte de poids, les cernes sombres sous les yeux, qui ne cessent d'empirer à chacune de nos rencontres. Les sanglots difficiles à contenir, plus imprévisibles à chacune de nos conversations. Les semaines de silence et les messages WhatsApp restés sans réponse, qui nous amènent souvent à nous demander s'il lui est arrivé quelque chose, si elle est encore en vie. Les questions ouvertes à chacune de nos discussions : « Que va-t-il m'arriver ? », étant celle qui revient le plus souvent.
Vivre dans la capitale du meurtre
Un sentiment particulier vous saisit lorsque vous arpentez les rues de la capitale salvadorienne, San Salvador. Elle a l'un des taux d'homicides les plus élevés au monde – 81,2 pour 100 000 habitants en 2016 d'après les chiffres officiels, bien au-dessus de la moyenne mondiale – mais la violence est escamotée par la frénésie d'une métropole centraméricaine.
« Tout est calme et l'instant d'après, des gens se font tuer juste sous vos yeux. C'est comme ça que ça marche », m'explique un jour un chauffeur de taxi.
Chaque quartier est aux mains d’un gang, ou mara. L’un des moyens pour eux de contrôler les habitants, ce sont les extorsions – de lourdes « taxes » dont les particuliers et les entreprises doivent s’acquitter. Manquer un versement, c'est parfois signer son arrêt de mort.
Nous rencontrons Cristel pour la première fois en mars 2016.
Se rendre jusque chez elle dans l'un des quartiers les plus violents de la ville, a nécessité une certaine préparation. Tout d'abord, il nous a fallu trouver un chauffeur qui accepte de nous y conduire, et se mettre d'accord à l'avance sur un plan de sortie d'urgence.
Nous nous déplaçons en équipe de deux, un journaliste et un photographe, la vitre de la voiture toujours baissée. Les membres des gangs locaux veulent voir exactement qui entre et sort de leur quartier, et n'aiment pas les étrangers.
Le chauffeur nous attend devant la porte et laisse le moteur tourner. Nous n'avons pas plus de 30 minutes.
Cristel nous a accueillis chez elle avec un grand sourire. Elle venait d’emménager avec son petit ami Daniel* dans une pièce exigüe, mais confortable et colorée, à l'entrée d'une vieille maison. Dans un coin se trouvaient les outils de Cristel – une collection de brosses, d’épingles à cheveux et de limes à ongles. Le couple était heureux, même s'il dormait en fait dans l'entrée et le couloir, tandis que tous les autres dormaient dans la maison.
C'est loin d’être la seule épreuve à laquelle ils ont dû faire face.
Cristel travaillait dans un salon de beauté et touchait 5 dollars américains par jour, mais le mara la rackettait de 35 dollars par semaine.
« Comment suis-je censée leur payer tout cet argent ?, m’a-t-elle demandé. J'ai vu des gens se faire tuer parce qu'ils n'avaient pas versé la " taxe ". On ne peut même pas le signaler à la police, parce qu'elle est de mèche avec les gangs. Vivre au Salvador est une torture. »
Mais sa vie n'a pas toujours été une torture.
Cristel a eu une enfance heureuse à San Salvador. Elle a toujours su qu'elle était une femme. À la fin du lycée, elle a décidé que porter les vêtements dans lesquels elle se sentait à l'aise n'était pas suffisant. Elle s'est laissée pousser les cheveux, a pris des hormones, a commencé à se maquiller et a changé de nom. Elle assure que sa famille l'a toujours soutenue.
Cependant, être une femme transgenre au Salvador n'est pas simple. Les gangs sont des organisations profondément misogynes. Pour eux, agresser une femme transgenre est souvent perçu comme un gage d'honneur.
Au Salvador, entre janvier et septembre 2017, l'organisation de la société civile COMCAVIS TRANS a recensé 28 graves agressions contre des transgenres, des homicides pour la plupart.
Lorsqu'un membre d'un gang local qui avait tenté de convaincre Cristel de sortir avec lui a compris qu'elle était transgenre, quelques années avant notre rencontre, la situation a rapidement dégénéré. Elle a subi brutalités et menaces, puis extorsions et agressions. Finalement, le membre du mara lui a donné 24 heures pour quitter le pays.
« Il m'a dit que si je ne partais pas, il me tuerait. Il m'a juste laissé le temps d'emballer quelques vêtements de rechange et me voilà en route pour l'inconnu. J'ai dû partir uniquement parce que je suis une transgenre », explique Cristel.
Une fuite dangereuse
Lorsque nous rencontrons Cristel, elle a déjà quitté le Salvador à deux reprises.
La première fois, c'était en 2014. Elle avait fait tout le chemin jusqu'aux États-Unis, mais elle est rentrée car sa mère est tombée gravement malade. L'amie avec laquelle elle était partie vit désormais aux États-Unis.
Ce voyage fut une expérience traumatisante, bien au-delà de ce qu'elle avait pu imaginer.
Avec une amie elle aussi menacée par un gang, elles ont traversé le fleuve peu profond jusqu'au Mexique et sont montées dans un taxi pour se rendre à la ville frontalière de Tapachula. De là, elles devaient gagner Mexico, puis Tijuana à la frontière américaine, avant de franchir la frontière pour se mettre en sécurité.
Mais Tapachula est le genre d'endroit où les projets les mieux ficelés peuvent capoter.
« J'ai commencé à m'inquiéter lorsque le taxi s’est engagé dans des rues sombres », explique Cristel. Elle a vite compris qu'elles se faisaient kidnapper.
Les deux femmes ont été conduites dans une maison abandonnée, dépouillées et soumises à des sévices sexuels pendant plusieurs jours. Une nuit, leurs ravisseurs, fin saouls, ont oublié de fermer la porte et elles se sont enfuies. La femme qui les a retrouvées dans la rue les a emmenées au poste de police local.
L'enquête de police n'a jamais eu de suite. Après avoir vécu l’enfer pendant trois mois au Mexique, Cristel est retournée au Salvador.
Pas d’endroits sûrs
Lorsque Cristel a rencontré Daniel, elle espérait que les choses allaient enfin s'arranger. Ils avaient emménagé ensemble et le membre de gang qui l'avait menacée se trouvait derrière les barreaux. Mais cette période de répit fut de courte durée.
Le membre de gang a bientôt commencé à réclamer de l'argent sous forme d’extorsion depuis l'intérieur de sa cellule – une pratique courante semble-t-il.
Début 2017, son travail à l'institut de beauté ne lui permettait plus de payer la « taxe » mensuelle. Elle a donc dû se résoudre à faire le trottoir la nuit.
Chacun sait que le montant des extorsions pour les travailleuses et travailleurs du sexe est élevé. Cristel a été agressée par des gangs à plusieurs reprises. Lorsqu'elle est allée voir la police, elle a compris qu'ils étaient de mèche. Elle s’est sentie prise au piège.
Mais elle était loin d’imaginer ce qui allait se passer.
En février 2017, le mara a assassiné Daniel. Il a été abattu dans la rue, en plein jour. Il avait été menacé par des gangs, qui lui ont dit qu'ils le tueraient s'il ne quittait pas Cristel.
« Tu es la suivante », a menacé une voix sur son téléphone quelques jours après que le corps de Daniel a été retrouvé. « Tu sais très bien que tu gagnes deux balles si tu ne nous paies pas. »
Acculée, Cristel a promis de payer.
Elle a rassemblé assez d'argent pour un mois. Sa mère a essayé d'emprunter de l'argent pour payer le mois suivant, mais n'a pas pu en réunir suffisamment.
Lorsque Cristel s'est rendue au poste de police pour dénoncer la situation, elle a vu un policier parler à l'un des hommes qui la menaçaient.
Elle n'avait plus le choix. Il était temps de repartir.
Un voyage sans fin
La fois suivante, nous rencontrons Cristel à Tapachula – là où elle avait été enlevée et soumise à des sévices sexuels trois ans auparavant. Le dernier endroit sur terre où elle aurait souhaité se trouver.
Elle fait la queue au centre d'immigration de la ville, en compagnie d'hommes, de femmes et d'enfants venus d'Amérique centrale, mais aussi de Cuba, d’Haïti, d'Inde et du Bangladesh.
Tous les matins et tous les soirs, ils viennent tenter de persuader les autorités mexicaines qu'ils méritent une chance de rester dans le pays en tant que réfugiés ou au moins d'obtenir un visa humanitaire d'un an – solution temporaire que propose le Mexique face à une crise des réfugiés qui ne cesse de s’aggraver.
Quelques mois seulement se sont écoulés depuis notre dernière rencontre avec Cristel, et pourtant son apparence a bien changé. Son visage est émacié et elle semble épuisée.
« J'ai obtenu le visa humanitaire », annonce-t-elle sans enthousiasme, car elle ne se sent pas en sécurité.
Lorsque nous arrivons au domicile de Cristel, une pièce chichement meublée dans un quartier sûr de Tapachula, elle éclate en sanglots.
« Il faut que je parte maintenant, dit-elle, les mains tremblantes et le visage déformé par la peur.
« J'ai vu des membres du mara qui me menaçait au Salvador. Je ne peux pas rester ici. »
Cristel avait été abordée par un jeune homme qu'elle a reconnu dans le parc du centre de la ville, où se retrouvent les demandeurs d'asile.
« Si tu croyais qu'on n'allait pas te retrouver, tu te trompais. Je sais que tu es venue ici parce que tu ne nous as pas payé. On t'a laissé plusieurs fois ta chance, mais on dirait que tu ne comprends pas », lui a-t-il dit.
Retour à la case départ
Dès qu'elle a pu se procurer l'argent, Cristel est montée dans un bus pour Tijuana, via Mexico, puis a franchi la frontière américaine.
Le paysage politique avait changé depuis qu’elle avait entrepris ce périple en 2014. Dans l'Amérique du président Trump, obtenir l'asile allait s’avérer bien plus ardu.
Quelques années après avoir franchi la frontière américaine pour la première fois, elle a été arrêtée par le Service de contrôle de l’immigration et des douanes des États-Unis et placée à l'isolement au centre de détention d'Otay Mesa à San Diego, en Californie. De là, elle a été transférée vers un centre de détention en Arizona, menottée, mise dans un avion et renvoyée vers son pire cauchemar.
Lorsqu’elle a atterri au Salvador, personne ne lui a posé de questions. Personne n'a cherché à savoir pourquoi elle était partie autant de fois, pourquoi elle avait peur, si elle avait besoin de protection. Les agents lui ont simplement donné deux pupusas (une épaisse tortilla de maïs, plat typique du Salvador) et un soda.
La dernière fois que nous rencontrons Cristel, elle est retournée chez sa mère, retrouvant les rues dangereuses et les extorsions d'un montant exorbitant.
« Je pensais que les femmes transgenres étaient respectées aux États-Unis. J'ai vu comment vivaient certaines de mes amies avant l'élection de Trump, mais la situation a changé. Ils m'ont traitée comme une parasite, comme une criminelle, me raconte Cristel.
« Je n'en peux plus de devoir payer pour rester en vie. Je veux partir mais je n'ai nulle part où aller. Je travaille et je vis pour payer la " taxe ". Toute ma vie tourne autour de ça. »
Chaque fois qu'elle est en retard, ne serait-ce que d'un jour ou deux, elle se fait tabasser.
L'histoire de Cristel n’est pas un cas unique.
La crise des réfugiés en Amérique centrale se traduit par d'innombrables parcours qui ressemblent au sien : cinq pas en avant, 10 pas en arrière. Les gens font ce voyage des dizaines de fois. Ils sont expulsés et recommencent. Le désespoir les fait tenir.
Cristel incarne une crise des réfugiés largement ignorée dans le monde. Victime d'une discrimination bien ancrée, d'une politique migratoire défaillante et d'un monde portant désormais l'empreinte de Trump, où les plus vulnérables sont qualifiés de criminels et où ceux qui sont censés les aider mettent leurs vies en danger.
« Je ne veux pas être une clandestine. Je veux juste vivre et être en sécurité, implore Cristel.
« Ils vont me tuer », répète-t-elle en boucle, sanglotant comme si elle assistait à son propre enterrement.
* Leurs noms ont été modifiés.
lundi 1 janvier 2018
Communiqué de presse républiques soviétiques
AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
22 décembre 2017
Quatre anciennes républiques soviétiques favorisent l'homophobie et
découragent les défenseurs des droits des LGBTI
La discrimination, l'homophobie et la croisade de la Russie contre les
relations sexuelles non traditionnelles contribuent à alimenter l'hostilité
croissante envers les organisations de défense des droits des lesbiennes,
gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) dans plusieurs régions
de l'ancienne Union soviétique, écrit Amnesty International dans un rapport
rendu public le 22 décembre 2017.
Ce document intitulé ‘Less equal: LGBTI human rights defenders in Armenia,
Belarus, Kazakhstan, and Kyrgyzstan’ se penche sur l'environnement de plus
en plus discriminatoire auquel les mouvements de défense des droits des
LGBTI sont confrontés dans quatre anciennes républiques soviétiques depuis
quelques années, y compris au sein même de la communauté de défense des
droits humains. Dans ces quatre États, les attitudes se durcissent à
l’égard des personnes LGBTI, en partie du fait des pratiques et des
discours répressifs émanant de Moscou.
« Les militants LGBTI sont depuis longtemps en butte à la discrimination,
notamment au sein d'autres organisations de défense des droits.
Aujourd'hui, l'influence de la Russie et la portée de ses médias jouent un
rôle important dans la dégradation de la situation pour les organisations
LGBTI dans la région. Leur attaque totale contre les droits des LGBTI
incite d'autres gouvernements à mener des politiques répressives et
exacerbe les attitudes publiques négatives dans ces pays, y compris au sein
des organisations " classiques " de défense des droits humains, a déclaré
Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe et l'Asie centrale à
Amnesty International.
« L'idée, que sème la Russie, selon laquelle les droits des LGBTI sont des
" valeurs occidentales " qui constituent en quelque sorte une menace pour
la sécurité nationale, prend racine ailleurs. Ce climat d'ignorance et de
haine est encouragé par les gouvernements nationaux et s’infiltre jusque
dans la communauté de défense des droits humains de la région. »
Répression contre les droits des LGBTI
Les gouvernements d'Arménie, du Bélarus, du Kazakhstan et du Kirghizistan,
plus proches partenaires régionaux de la Russie, se sont lancés dans une
répression contre les droits des LGBTI ces dernières années.
Ces quatre pays tentent de faire adopter des lois homophobes relatives à la
« propagande », sur le modèle de la législation russe. Seul le Bélarus l'a
fait jusqu'à présent, adoptant une variante de la loi russe en 2016.
Un militant connu des droits des LGBTI au Bélarus a déclaré à Amnesty
International qu'il ne peut plus faire son travail car « les risques
personnels sont trop grands ». Il a perdu plusieurs emplois en raison de
ses activités militantes et a été interrogé à maintes reprises par la
police.
Il est à noter que la majorité des personnes interrogées par Amnesty
International dans ces quatre pays ont souhaité garder l’anonymat,
inquiètes pour leur sécurité ou d'autres répercussions possibles.
L'Arménie et le Kirghizistan ont modifié leurs Constitutions afin
d'interdire explicitement les mariages entre personnes de même sexe en 2015
et 2016 respectivement.
Dans chacun des anciens États soviétiques, les organisations LGBTI sont en
butte à des méthodes répressives visant à les faire taire. À de rares
exceptions près, les marches des fiertés sont régulièrement interdites ou
sont la cible d'attaques imputables à des groupes homophobes. Trop souvent,
la police ne fait rien pour prévenir ces crimes de haine et ne mène pas
d’enquêtes efficaces.
La liberté d'association est limitée pour tous les militants LGBTI. Si en
Arménie et au Kirghizistan, un petit nombre d'ONG défendant leurs droits
sont enregistrées, seuls des militants et des groupes informels sont actifs
au Bélarus et au Kazakhstan.
Marginalisés par la communauté de défense des droits humains
Conséquence de cette discrimination, les défenseurs et les militants LGBTI
vont jusqu’à se sentir « moins égaux » au sein de leurs communautés locales
de défense des droits, qui sont dominées par les organisations « classiques
» ne travaillant pas essentiellement sur les droits des LGBTI.
« Les militants LGBTI sont rejetés en étant marginalisés et ostracisés par
la société, mais ils sont aussi traités comme des défenseurs de seconde
zone au sein de leurs communautés de défense des droits », a déclaré Denis
Krivosheev.
Au Kirghizistan, les militants ont déclaré : « Personne ne veut être
associé à nous ». À la suite d'une attaque homophobe contre un événement
LGBTI en mai 2015, seule une organisation kirghize de défense des droits
des LGBTI a condamné ces actes.
Pour les organisations LGBTI dans chaque pays, l'absence de soutien de
l'ensemble de la communauté de défense des droits humains est le premier
facteur de démoralisation et de frustration.
Mikayel Danielyan, ancien responsable de l'Association Helsinki, décédé
d'une crise cardiaque en août 2016, fut l'un des tout premiers défenseurs
des droits des LGBTI en Arménie. Avant sa mort, il rappelait que certains
parlementaires et des défenseurs des droits humains ont refusé de s'asseoir
à la même table que lui lors d'événements publics.
« Les autorités en Arménie, au Bélarus, au Kazakhstan et au Kirghizistan
doivent veiller à ce que les organisations de défense des droits des LGBTI
puissent faire leur travail en faveur des droits en toute sécurité et sans
discrimination, a déclaré Denis Krivosheev.
« Amnesty International invite les organisations de défense des droits de
la région à travailler main dans la main avec celles qui défendent les
droits des LGBTI, réunies autour du principe d'universalité des droits
humains. »
Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations, veuillez contacter :
Alexander Artemyev
alexander.artemyev@amnesty.org
+7 917 559 5972
Pour accéder au rapport Amnesty correspondant à ce communiqué, cliquez ici
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
22 décembre 2017
Quatre anciennes républiques soviétiques favorisent l'homophobie et
découragent les défenseurs des droits des LGBTI
La discrimination, l'homophobie et la croisade de la Russie contre les
relations sexuelles non traditionnelles contribuent à alimenter l'hostilité
croissante envers les organisations de défense des droits des lesbiennes,
gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) dans plusieurs régions
de l'ancienne Union soviétique, écrit Amnesty International dans un rapport
rendu public le 22 décembre 2017.
Ce document intitulé ‘Less equal: LGBTI human rights defenders in Armenia,
Belarus, Kazakhstan, and Kyrgyzstan’ se penche sur l'environnement de plus
en plus discriminatoire auquel les mouvements de défense des droits des
LGBTI sont confrontés dans quatre anciennes républiques soviétiques depuis
quelques années, y compris au sein même de la communauté de défense des
droits humains. Dans ces quatre États, les attitudes se durcissent à
l’égard des personnes LGBTI, en partie du fait des pratiques et des
discours répressifs émanant de Moscou.
« Les militants LGBTI sont depuis longtemps en butte à la discrimination,
notamment au sein d'autres organisations de défense des droits.
Aujourd'hui, l'influence de la Russie et la portée de ses médias jouent un
rôle important dans la dégradation de la situation pour les organisations
LGBTI dans la région. Leur attaque totale contre les droits des LGBTI
incite d'autres gouvernements à mener des politiques répressives et
exacerbe les attitudes publiques négatives dans ces pays, y compris au sein
des organisations " classiques " de défense des droits humains, a déclaré
Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe et l'Asie centrale à
Amnesty International.
« L'idée, que sème la Russie, selon laquelle les droits des LGBTI sont des
" valeurs occidentales " qui constituent en quelque sorte une menace pour
la sécurité nationale, prend racine ailleurs. Ce climat d'ignorance et de
haine est encouragé par les gouvernements nationaux et s’infiltre jusque
dans la communauté de défense des droits humains de la région. »
Répression contre les droits des LGBTI
Les gouvernements d'Arménie, du Bélarus, du Kazakhstan et du Kirghizistan,
plus proches partenaires régionaux de la Russie, se sont lancés dans une
répression contre les droits des LGBTI ces dernières années.
Ces quatre pays tentent de faire adopter des lois homophobes relatives à la
« propagande », sur le modèle de la législation russe. Seul le Bélarus l'a
fait jusqu'à présent, adoptant une variante de la loi russe en 2016.
Un militant connu des droits des LGBTI au Bélarus a déclaré à Amnesty
International qu'il ne peut plus faire son travail car « les risques
personnels sont trop grands ». Il a perdu plusieurs emplois en raison de
ses activités militantes et a été interrogé à maintes reprises par la
police.
Il est à noter que la majorité des personnes interrogées par Amnesty
International dans ces quatre pays ont souhaité garder l’anonymat,
inquiètes pour leur sécurité ou d'autres répercussions possibles.
L'Arménie et le Kirghizistan ont modifié leurs Constitutions afin
d'interdire explicitement les mariages entre personnes de même sexe en 2015
et 2016 respectivement.
Dans chacun des anciens États soviétiques, les organisations LGBTI sont en
butte à des méthodes répressives visant à les faire taire. À de rares
exceptions près, les marches des fiertés sont régulièrement interdites ou
sont la cible d'attaques imputables à des groupes homophobes. Trop souvent,
la police ne fait rien pour prévenir ces crimes de haine et ne mène pas
d’enquêtes efficaces.
La liberté d'association est limitée pour tous les militants LGBTI. Si en
Arménie et au Kirghizistan, un petit nombre d'ONG défendant leurs droits
sont enregistrées, seuls des militants et des groupes informels sont actifs
au Bélarus et au Kazakhstan.
Marginalisés par la communauté de défense des droits humains
Conséquence de cette discrimination, les défenseurs et les militants LGBTI
vont jusqu’à se sentir « moins égaux » au sein de leurs communautés locales
de défense des droits, qui sont dominées par les organisations « classiques
» ne travaillant pas essentiellement sur les droits des LGBTI.
« Les militants LGBTI sont rejetés en étant marginalisés et ostracisés par
la société, mais ils sont aussi traités comme des défenseurs de seconde
zone au sein de leurs communautés de défense des droits », a déclaré Denis
Krivosheev.
Au Kirghizistan, les militants ont déclaré : « Personne ne veut être
associé à nous ». À la suite d'une attaque homophobe contre un événement
LGBTI en mai 2015, seule une organisation kirghize de défense des droits
des LGBTI a condamné ces actes.
Pour les organisations LGBTI dans chaque pays, l'absence de soutien de
l'ensemble de la communauté de défense des droits humains est le premier
facteur de démoralisation et de frustration.
Mikayel Danielyan, ancien responsable de l'Association Helsinki, décédé
d'une crise cardiaque en août 2016, fut l'un des tout premiers défenseurs
des droits des LGBTI en Arménie. Avant sa mort, il rappelait que certains
parlementaires et des défenseurs des droits humains ont refusé de s'asseoir
à la même table que lui lors d'événements publics.
« Les autorités en Arménie, au Bélarus, au Kazakhstan et au Kirghizistan
doivent veiller à ce que les organisations de défense des droits des LGBTI
puissent faire leur travail en faveur des droits en toute sécurité et sans
discrimination, a déclaré Denis Krivosheev.
« Amnesty International invite les organisations de défense des droits de
la région à travailler main dans la main avec celles qui défendent les
droits des LGBTI, réunies autour du principe d'universalité des droits
humains. »
Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations, veuillez contacter :
Alexander Artemyev
alexander.artemyev@amnesty.org
+7 917 559 5972
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