Un éminent défenseur russe des
droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées
(LGBTI) est devenu la première personne condamnée à une amende pour diffusion de
« propagande gay » en vertu d'une nouvelle loi en vigueur à Saint-Pétersbourg,
après avoir mené une action de protestation à la mairie avec une affiche sur
laquelle était écrit le message « l’homosexualité n’est pas une
perversion ».
Nikolaï Alexeïev a annoncé la
nouvelle de sa condamnation sur Twitter vendredi 4 mai : « Qui peut aller payer
mon amende pour propagande gay à St-Pétersbourg ? 5 000 roubles, 130 euros,
180 dollars ».
Nikolaï Alexeïev a été déclaré
coupable de faits érigés en infraction depuis mars 2012 seulement, lorsque
Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, a adopté une loi visant à lutter
contre la « propagande gay », suivant l'exemple de régions telles que celles
d'Arkhanguelsk et de Riazan.
Amnesty International, qui à
l’époque avait demandé à Saint-Pétersbourg de ne pas promulguer cette loi,
dénonce cette condamnation.
« Ce genre de loi menace la
liberté d’expression et alimente les discriminations à l’égard de la communauté
LGBTI de la ville », a déploré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et
Asie centrale d’Amnesty International.
Dans la pratique, ces nouvelles
lois interdisent la tenue d’événements publics et de manifestations LGBTI, sous
couvert de protection des mineurs. Même les brochures d’information en matière
de droits, d’assistance ou de conseils destinées à ces groupes sont susceptibles
de voir leur contenu ou leur diffusion limités.
Il est à craindre que cette loi
bafoue le droit à la liberté d'expression et de réunion, ainsi que celui à la
non-discrimination et à l'égalité devant la loi. Ces droits sont garantis par
des traités internationaux relatifs aux droits humains, auxquels la Russie est
partie.
« Cela contribue en outre à un
climat d'hostilité et de violence envers les LGBTI », a déclaré John
Dalhuisen.
Amnesty International
s’inquiète particulièrement du fait que des projets de loi visant à interdire la
« propagande homosexuelle » soient à l’étude dans d’autres régions, telles que
celles de Samara et de Novossibirsk.
Un projet de loi similaire a
par ailleurs été introduit à la Douma d’État fin mars.
Nikolaï Alexeïev a annoncé
qu’il ferait appel de la décision. Si une instance judiciaire supérieure de
Saint-Pétersbourg confirme la décision de vendredi 4 mai, il saisira la Cour
constitutionnelle de Russie, puis la Cour européenne des droits de l’homme à
Strasbourg.
Youri Loujkov, l’ancien maire
de Moscou, a qualifié les défilés gays de « sataniques » ; son successeur,
Sergueï Sobianine, a déclaré qu’il désapprouvait les rassemblements gays parce
qu’ils peuvent heurter les convictions religieuses de nombreux
Russes.
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