10 septembre 2014
Gambie.
Le président doit rejeter la loi qui prévoit l'emprisonnement à
perpétuité pour « homosexualité avec circonstances aggravantes »
(Dakar,
10 septembre 2014) - Yahya Jammeh, le président de la Gambie, ne doit
pas signer un nouvel amendement du Code pénal prévoyant de punir par
l'emprisonnement à perpétuité l'« homosexualité avec circonstances
aggravantes », ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch
le mercredi 10 septembre 2014. Une telle mesure intensifierait encore le
climat de peur dont
souffrent les lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou
intersexuées (LGBTI) en Gambie.
Plusieurs dispositions de la
loi enfreignent le droit international relatif aux droits humains et
peuvent être assimilées à une persécution en raison de l'orientation
sexuelle ou de l'identité de genre réelles ou présumées. Certains
articles de la loi sont comparables aux textes législatifs homophobes
qui ont été annulés en août 2014 en Ouganda.
« Le président
Jammeh ne devrait pas approuver cette loi profondément nuisible qui
viole le droit international relatif aux droits humains », a déclaré
Stephen Cockburn, directeur régional adjoint d'Amnesty International
pour l’Afrique de l'Ouest et l’Afrique centrale. « L'Assemblée nationale
et le président de la Gambie ne devraient pas cautionner une homophobie
d'État. »
L'Assemblée nationale a adopté le projet de loi de
2014 portant modification du Code
pénal le 25 août. À compter de cette date, le président a 30 jours pour
signer la loi ou la renvoyer à l'Assemblée nationale pour plus ample
examen.
Les rapports sexuels entre adultes consentants de même
sexe constituent déjà une infraction en Gambie, ce qui est contraire au
droit international relatif aux droits humains. Cependant, la
modification proposée actuellement prévoit des peines encore plus
lourdes pour les personnes soupçonnées d'être lesbiennes, bisexuelles ou
gays.
Le chef d'inculpation d'« homosexualité avec
circonstances aggravantes » entraîne une peine d'emprisonnement à
perpétuité. L'infraction est définie en termes vagues, ce qui donnerait
aux autorités la possibilité de porter diverses atteintes aux droits.
Parmi les personnes qui pourraient être inculpées d'« homosexualité avec
circonstances aggravantes » et emprisonnées à vie, on trouve les «
récidivistes » et les personnes vivant
avec le VIH, qui sont soupçonnées d'être gays ou lesbiennes.
«
Cette nouvelle loi va stigmatiser encore davantage des personnes déjà
marginalisées qui subissent, en Gambie, un climat de peur et de haine »,
a déclaré Graeme Reid, directeur chargé des droits des personnes LGBT
chez Human Rights Watch.
Le président Jammeh a prononcé de
nombreuses déclarations publiques s'en prenant aux droits des
lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées,
notamment devant l'Assemblée générale des Nations unies en 2013,
déclarant en cette occasion : « Ceux qui font la promotion de
l'homosexualité veulent mettre fin à l’existence humaine, cela devient
une épidémie et nous, musulmans et Africains, nous battrons pour mettre
fin à ce comportement. » En février 2014, il a encore déclaré: « Nous
allons combattre ces vermines appelées homosexuels ou gays de la même
manière que nous luttons contre les
moustiques qui causent le paludisme, sinon de manière plus agressive. »
En
mai 2014, le président Jammeh a menacé les Gambiens qui demandent
l'asile pour faits de discrimination motivée par leur orientation
sexuelle, affirmant à l'agence de presse africaine APA : « Si je les
attrape, je vais les tuer. »
En 2012, les autorités ont arrêté 18
hommes et deux femmes à la suite d'une descente dans une boîte de nuit.
Ces personnes ont été inculpées pour tentative de commettre des « actes
contre nature » et « conspiration en vue de commettre un crime grave ».
Leurs photos et leurs noms ont été rendus publics dans la presse.
Finalement, les charges retenues contre elles ont été abandonnées, faute
de preuves.
En mai 2014, la Commission africaine des droits de
l'homme et des peuples a adopté une résolution sur la protection contre
la violence et d'autres violations des droits humains de personnes sur
la base de leur
identité ou orientation sexuelle réelle ou supposée. Cette résolution
condamnait « les attaques systématiques perpétrées par des acteurs
étatiques et non étatiques contre des personnes sur la base de leur
identité ou orientation sexuelle réelle ou supposée ».
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