Russie. Une loi homophobe utilisée pour persécuter une militante qui a partagé des articles LGBTI sur Facebook
Les
autorités russes doivent abolir leur absurde « loi sur la propagande
homosexuelle » et mettre fin à la persécution des défenseurs des droits
humains, a déclaré Amnesty International après la condamnation d'une
militante à une lourde amende pour avoir posté sur des réseaux sociaux
des liens vers des articles sur les LGBTI.
Evdokia
Romanova a été déclarée coupable de l'infraction administrative de «
promotion des relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs
utilisant Internet » et condamnée à une amende de 50 000 roubles (740
euros environ) par un tribunal siégeant à Samara. Les accusations
portées contre elle concernaient des liens qu'elle a partagés sur
Facebook en 2015 et 2016, notamment un article du Guardian sur le
référendum irlandais sur le mariage entre personnes de même sexe et un
article de Buzzfeed sur une exposition LGBTI à Saint-Pétersbourg.
«
Les accusations absurdes portées contre Evdokia Romanova sont une
triste illustration de la situation dramatique à laquelle sont
actuellement confrontés les militants qui travaillent sur les questions
LGBTI en Russie. Même une liberté aussi simple que celle de partager un
article en ligne avec des amis est désormais limitée par une législation
manifestement discriminatoire et homophobe », a déclaré Denis
Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe et l'Asie centrale à Amnesty
International.
« La loi sur la propagande
homosexuelle n'est pas seulement exploitée pour prendre pour cible des
personnes comme Evdokia Romanova. Elle est également utilisée comme
outil pour répandre la peur et le sentiment d’insécurité parmi les
militants LGBTI du pays. Nous appelons à nouveau les autorités russes à
abroger cette loi et à respecter le droit de chacun et chacune à la
liberté d'expression. »
Evdokia Romanova est
membre de l’antenne locale du mouvement LGBTI Avers et un membre actif
de la Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights (YCSRR). Le 26
juillet, elle a été convoquée au poste de police local sous le prétexte
qu’elle devait témoigner dans une affaire dont elle n'avait jamais
entendu parler. À sa grande surprise, la police l’a informée qu'elle
faisait l'objet de poursuites judiciaires pour « propagande homosexuelle
», mais a refusé de lui en dire davantage sur la procédure à son
encontre.
Pendant des semaines, Evdokia Romanova
et son avocat se sont vu refuser des précisions sur les motifs exacts
des poursuites engagées contre elle. Ils ont finalement eu accès à son
dossier le 5 septembre, quelques jours seulement avant le procès.
Dans
le cadre de la procédure judiciaire contre Evdokia Romanova, le Centre
de police pour la prévention de l'extrémisme a ordonné l’« expertise »
d'un lien vers le site web de la YCSRR qu’elle avait relayé, qui
appelait les jeunes militants à faire campagne pour les droits des
LGBTI. Les « experts » ont conclu que ce lien renvoyait vers de la «
propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles », visant à «
former une orientation sexuelle non traditionnelle » et à « donner une
image attractive de l'orientation sexuelle non traditionnelle ».
Evdokia Romanova a déclaré à Amnesty International :
«
Je ne me sens plus en sécurité dans ce pays. Je reçois des menaces de
personnes que je ne connais pas. Cette loi a entraîné une augmentation
des crimes de haine envers les personnes LGBT dans tout le pays. Elle
empêche les organisations LGBT d’apporter un soutien juridique et
psychologique aux jeunes LGBT, qui restent marginalisés et privés de
protection ».
Complément d’information
La
loi prohibant la « promotion des relations sexuelles non
traditionnelles auprès des mineurs » – également connue sous le nom de «
loi sur la propagande homosexuelle » – a été adoptée en Russie en juin
2013. Elle a introduit dans le Code des infractions administratives
l'article 6.21, qui prévoit de lourdes amendes pour les personnes qui,
du point de vue des autorités, promeuvent les « relations sexuelles non
traditionnelles ».
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