lundi 1 décembre 2014

Action Urgente Gambie

GAMBIE : PREMIÈRES ARRESTATIONS DEPUIS LA NOUVELLE LOI HOMOPHOBE

Une loi introduisant d'éventuelles peines de réclusion à perpétuité pour l'infraction d'« homosexualité aggravée » a été promulguée le 9 octobre en Gambie. Depuis deux semaines, l'Agence nationale de renseignement (NIA) et la garde présidentielle ont arrêté quatre hommes, un adolescent de 17 ans et trois femmes soupçonnés d'« homosexualité ». Six autres femmes auraient été arrêtées le 18 novembre. Ces personnes pourraient être condamnées à la réclusion à perpétuité. Amnesty International considère les personnes détenues uniquement en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre comme des prisonniers d’opinion.

Quatre hommes, un adolescent et trois femmes ont été arrêtés entre le 7 et le 13 novembre en Sénégambie, bande côtière située au sud de Banjul. Ils ont tous été placés en détention au siège de la NIA, à Banjul. On leur a signifié qu'ils faisaient l'objet d'une information judiciaire pour « homosexualité » mais ils n'ont pas été inculpés. Ils ont subi des actes de torture et d'autres mauvais traitements visant à leur faire « avouer » leurs prétendus crimes et révéler des renseignements sur d'autres personnes considérées comme gays ou lesbiennes. La NIA les a soumis à des passages à tabac et à une privation sensorielle et les a menacés de viol. Les détenus ont été informés que, s'ils n'« avouaient » pas, un appareil serait introduit dans leur anus ou leur vagin pour « tester » leur orientation sexuelle. Bien que les trois femmes concernées aient été libérées le 13 novembre, elles font toujours l'objet d'une information judiciaire ; la NIA a saisi leurs cartes d'identité et leur a ordonné de ne pas quitter le territoire. Les quatre hommes et l'adolescent sont toujours détenus au secret. Six autres femmes auraient été arrêtées entre le 18 et le 19 novembre.


La Loi de 2014 portant modification du Code pénal a été promulguée le 9 octobre. Elle introduit l'infraction d'« homosexualité aggravée », passible de la réclusion à perpétuité.

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mercredi 26 novembre 2014

Gambie, communiqué de presse conjoint Amnesty/Human Rights Watch

AMNESTY INTERNATIONAL ET HUMAN RIGHTS WATCH
COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AILRC-FR
21 novembre 2014

Gambie. L'infraction d'« homosexualité aggravée » est passible de la réclusion à perpétuité

L'adoption récente par la Gambie d'une loi homophobe expose les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI), déjà victimes de persécutions, à un risque accru de violations, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch vendredi 21 novembre. 

Une nouvelle infraction, dite d'« homosexualité aggravée », passible de peines pouvant aller jusqu'à la réclusion à perpétuité, est prévue dans le Code pénal approuvé par le président Yahya Jammeh le 9 octobre 2014, ainsi que le révèlent des documents ayant émergé il y a quelques jours. Parmi les personnes risquant d'être inculpées d'« homosexualité aggravée » figurent des individus décrits comme des « délinquants récidivistes » et les séropositifs soupçonnés d'être homosexuels. Le droit gambien ne définit pas avec exactitude ce que recouvrent l'« homosexualité » ou un « acte homosexuel ». Il est par conséquent encore plus probable que la Gambie invoque de manière vague et arbitraire les textes érigeant les pratiques homosexuelles en infraction - ce qui est déjà contraire au droit international.

« Cette nouvelle loi traite des comportements sexuels privés entre adultes du même sexe - qui ne devraient pas constituer une infraction - de la même manière que le viol et l'inceste », a déclaré Steve Cockburn, directeur régional adjoint pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale à Amnesty International. 

« Les dispositions vagues et imprécises de cette loi pourraient être utilisées dans le but d'arrêter et d'incarcérer toute personne soupçonnée d'être homosexuelle, et contribuent au fort climat d'hostilité et de peur dans lequel vivent déjà les personnes LGBTI dans ce pays. »  

Les autorités gambiennes n'ont pas reconnu avoir promulgué la loi sur l'« homosexualité aggravée », en dépit de questions répétées lors d'un examen du bilan du pays en matière de droits humains, qui a eu lieu aux Nations unies le 28 octobre. Des lois en vigueur en Gambie pénalisent déjà les relations sexuelles consenties et privées entre personnes du même sexe, en violation du droit international relatif aux droits humains.

L'adoption de cette loi semble relever d'une attaque plus large contre la communauté LGBTI en Gambie. Au moins trois femmes, quatre hommes et un garçon de 17 ans ont été arrêtés entre les 7 et 13 novembre, et menacés de torture en raison de leur orientation sexuelle présumée. Selon un membre de la communauté LGBTI en Gambie, six autres femmes ont été appréhendées les 18 et 19 novembre, et se trouvent toujours en détention.

Les détenus affirment qu'on leur a dit que s'ils n'« avouaient » pas, notamment en donnant des noms, un appareil serait introduit dans leur anus ou leur vagin pour « tester » leur orientation sexuelle. Cette mesure constituerait une violation du droit international, qui interdit formellement la torture et les autres formes de mauvais traitements.

« Arrêter et torturer des personnes sur la base de leur orientation sexuelle est honteux, et inventer de nouvelles infractions passibles de peines encore plus sévères est scandaleux », a déclaré Steve Cockburn. « Non seulement cette nouvelle loi bafoue les obligations de la Gambie en vertu des normes régionales relatives aux droits humains, mais elle est contraire à la Constitution de ce pays, qui dispose que tous les citoyens doivent être égaux devant la loi et à l'abri de la discrimination. »

Le président Jammeh aurait dû user des pouvoirs que lui confère la Constitution pour rejeter cette proposition de loi homophobe, qui a été soumise à l'Assemblée nationale le 25 août, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch. 

« Les déclarations publiques incendiaires du président Jammeh contre les personnes LGBTI ont été traduites en actes par le biais de cette loi odieuse et de la chasse aux sorcières qui a suivi son adoption secrète », a déclaré Monica Tabengwa, spécialiste de l'Afrique à Human Rights Watch. 

« Cette loi et ces pratiques portent atteinte à la résolution de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, qui condamne les violences visant les personnes LGBTI et exige que les responsables présumés soient traduits en justice. »

lundi 24 novembre 2014

Communiqué de presse Gambie


Gambian President Yahya Jammeh © APGraphicsBank

AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUE DE PRESSE

Le 18 novembre 2014
 

Gambie. L’État doit mettre fin à la vague d’arrestations et d’actes de torture homophobes 


L’arrestation, la détention et les actes de torture infligés à huit personnes depuis le début du mois de novembre dans le cadre de la répression de l’« homosexualité » par les autorités gambiennes révèle l’ampleur choquante de l’homophobie encouragée par l’État, a déclaré Amnesty International.

« Ces arrestations ont eu lieu à un moment où le climat de peur dans lequel vivent les personnes considérées comme ayant une orientation sexuelle ou une identité de genre différente s’intensifie  », a déclaré Steve Cockburn, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale.

« Cette répression inacceptable révèle l’ampleur de l’homophobie encouragée par l’État en Gambie. Les manœuvres d’intimidation, le harcèlement et toute arrestation fondée uniquement sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre constituent des violations manifestes des droits international et régional relatifs aux droits humains. Les autorités gambiennes doivent mettre fin immédiatement à ces attaques homophobes.  »

Amnesty International considère les personnes arrêtées et détenues uniquement en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre comme des prisonniers d’opinion. Celles-ci doivent être remises en liberté immédiatement et sans condition.

Depuis le 7 novembre, l’Agence nationale de renseignement (NIA) et la garde présidentielle mènent une opération homophobe qui a déjà conduit à l’arrestation de quatre hommes, d’un adolescent de 17 ans et de trois femmes.

Toutes les personnes arrêtées ont été emmenées et placées en détention au quartier général de la NIA à Banjul, la capitale. Elles ont été informées qu’elles faisaient l’objet d’une information judiciaire pour « homosexualité » mais n’ont pas été inculpées. Elles ont subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements visant à leur faire « avouer » leurs prétendus crimes et révéler des renseignements sur d’autres personnes considérées comme gays ou lesbiennes.

Afin d’obtenir des informations, la NIA utilise plusieurs méthodes comme les passages à tabac, la privation sensorielle et les menaces de viol. Les détenus ont été informés que, s’ils n’« avouaient » pas, un appareil serait introduit dans leur anus ou leur vagin pour « tester » leur orientation sexuelle.

«  Il est véritablement choquant de recourir à la torture contre les personnes arrêtées et de les menacer d’en faire usage, mais ce n’est malheureusement pas surprenant. Quelques semaines seulement après que la Gambie a refusé que des observateurs des Nations unies chargés des droits humains visitent ses prisons, nous avons de nouvelles preuves des atrocités infligées à des victimes par les forces de sécurité – cette fois pour la simple raison que ces personnes sont considérées comme différentes  », a déclaré Steve Cockburn.

Bien que les trois femmes concernées aient été libérées le 13 novembre, elles font toujours l’objet d’une information judiciaire ; la NIA a saisi leurs cartes d’identité et leur a ordonné de ne pas quitter le territoire.

Quant aux quatre hommes et à l’adolescent de 17 ans, ils sont encore détenus au secret et privés d’avocat, malgré les garanties constitutionnelles qui interdisent d’inculper une personne au-delà de 72 heures après son arrestation.

« La Gambie bafoue non seulement les droits régional et international relatifs aux droits humains en se livrant à ces persécutions, mais aussi sa propre Constitution », a déclaré Steve Cockburn.

La NIA serait en train de dresser une liste de personnes à arrêter. Plusieurs hommes et femmes sont parvenus à s’enfuir car des proches les avaient prévenus que les forces de sécurité voulaient s’en prendre à eux. Une jeune femme qui s’est réfugiée récemment au Sénégal a indiqué à Amnesty International que plusieurs agents de la sécurité civile s’étaient rendus à son domicile le 12 novembre pour demander où elle se trouvait.

« Ils ont menacé d’enfoncer les portes. Ne m’ayant pas trouvée, ils ont aussi menacé d’arrêter un membre de ma famille. Ils ont finalement quitté les lieux en promettant de me tuer si jamais ils me trouvaient », a-t-elle déclaré à Amnesty International.

Complément d’information

La répression que les autorités gambiennes mènent à l’heure actuelle contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelle ou supposée, intervient quelques mois seulement après une décision capitale de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples – dont, ironie du sort, le siège se trouve à Banjul. Dans sa résolution, celle-ci condamne les persécutions que des acteurs étatiques et non étatiques infligent à des lesbiennes, des gays, ainsi que des personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI).

La vague d’arrestations homophobes survient également quelques mois après que l’Assemblée nationale gambienne a adopté un projet de loi homophobe créant l’infraction d’« homosexualité aggravée », qui est passible de la réclusion à perpétuité. On ignore si ce texte a reçu l’assentiment du Président, nécessaire à son entrée en vigueur. Les relations sexuelles consenties entre adultes du même sexe constituent déjà un crime en Gambie, ce qui est contraire au droit international relatif aux droits humains.

En outre, les autorités gambiennes continuent de publier des déclarations qui mettent à mal les droits des LGBTI. En octobre, le président Jammeh a ainsi décrit l’« homosexualité » comme un « comportement satanique » et, en septembre, un cadre du parti au pouvoir, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques (APRC), a déclaré dans une interview accordée à un journal : « Il faut tuer les homosexuels parce que ce sont des ennemis de l’humanité. »

jeudi 20 novembre 2014

Botswana. La Haute Cour rend une décision favorable à une organisation de défense des droits des LGBTI


AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AILRC-FR
14 novembre 2014

Botswana. La Haute Cour rend une décision favorable à une organisation de défense des droits des LGBTI

La décision de la Haute Cour du Botswana d’annuler le refus du ministère du Travail et des Affaires intérieures d’enregistrer une organisation représentant les droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) est une victoire pour la justice et une victoire sur l’homophobie d’État, a déclaré Amnesty International vendredi 14 novembre 2014. 

L’association Lesbian, Gays and Bisexuals of Botswana (LEGABIBO) a porté l’affaire contre le gouvernement, faisant valoir que le refus de l’enregistrer bafouait ses droits constitutionnels, notamment ses droits à la liberté d’association et d’expression et à la protection égale de la loi.

« Cette décision de la Haute Cour est une victoire pour la justice et une victoire sur l’homophobie d’État. Elle réaffirme le droit des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) au Botswana de s’organiser et de militer pour leurs droits humains sans être soumis à des traitements iniques, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique australe à Amnesty International.

« Nous saluons cette décision, qui donne le droit à LEGABIBO de se faire enregistrer et de mener ses activités dans le pays, en vue de faire valoir les droits des personnes LGBTI et d’affirmer leur place dans la société. Les autorités du Botswana doivent mettre en œuvre cette décision et veiller à ce que LEGABIBO soit autorisée à s’enregistrer et à faire son travail. »

LEGABIBO a pour objectif de fournir aux LGBTI au Botswana des informations sur les droits humains et de défendre leurs droits, particulièrement le droit d’accéder aux services de santé. La victoire de l’association au tribunal le 14 novembre fait suite à une longue bataille initiée lorsque l’organisation a déposé sa première demande d’enregistrement en 2008.

mardi 28 octobre 2014

Action urgente Macédoine


©Balkan Insight


MACEDOINE : L'INTERDICTION DU MARIAGE ENTRE PERSONNES DE MÊME SEXE EST EN ATTENTE DE VALIDATION

L'amendement XXXIII, actuellement en cours d'examen devant le Parlement de l'ex- République yougoslave de Macédoine, est discriminatoire envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) au regard de leur droit à une vie familiale et de tous les droits reproductifs et sociaux associés au mariage. S'il est adopté, la Constitution définira le mariage comme l'union exclusive entre un homme et une femme.

Le 1er juillet, le gouvernement de Macédoine a soumis sept projets d'amendements constitutionnels au Parlement, dont celui de l'amendement XXXIII. Dans sa forme actuelle, cet amendement définirait strictement le mariage comme l'union entre un homme et une femme. Le 27 août, le texte de tous les projets d'amendements a été examiné et adopté par une majorité de parlementaires. Les amendements doivent être soumis à un vote final à la fin du mois d'octobre.

Une précédente version de l'amendement XXXIII définissait la cohabitation officielle, ou toute autre forme de vie commune officielle, exclusivement comme l'union entre un homme et une femme. Cependant, le 16 octobre, à la suite de la publication de l'avis de la Commission de Venise sur le projet d'amendement, le ministre de la Justice a annoncé que cet élément serait retiré de la proposition. Une décision de modifier la Constitution doit obtenir l'aval d'au moins deux tiers des membres du Parlement, ce qui risque d'arriver car le principal parti de l'opposition, qui boycotte actuellement le Parlement, possède moins d'un tiers des sièges.
L'amendement XXXIII a été rédigé dans l'intention de déterminer constitutionnellement le statut du mariage de manière à protéger « les intérêts des époux, de la famille et de la société ». Cependant, en limitant le mariage aux couples hétérosexuels, il introduit une discrimination directe envers les personnes LGBTI qui vivent ou souhaitent vivre dans une union entre personnes de même sexe, au regard de leur droit à une vie familiale et de tous les droits reproductifs et sociaux associés au mariage. 

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mercredi 22 octobre 2014

Action Urgente Indonésie

@HRW (Un homme et une femme emmenés par la "police de la Charia")


INDONESIE : LE PARLEMENT DE L'ACEH ADOPTE UN TEXTE RÉGLEMENTAIRE FONDÉ SUR LA CHARIA

Le Parlement de la province de l'Aceh a adopté un règlement issu de la charia qui criminaliserait, entre autres, les relations sexuelles entre personnes du même sexe et les relations sexuelles hors mariage entre personnes consentantes, et qui prévoit une peine de fustigation pour les contrevenants. Le gouverneur de la province de l'Aceh et le gouvernement central peuvent bloquer sa mise en œuvre.
Le Code pénal islamique de l'Aceh, règlement provincial basé sur la charia (loi islamique), a été adopté par le Parlement de cette province le 27 septembre. Il prévoit jusqu'à 100 coups de bâton pour les personnes reconnues coupables de relations sexuelles entre personnes du même sexe, de relations sexuelles avant le mariage ou d'autres relations sexuelles hors mariage (« adultère »). D'autres infractions seraient aussi passibles d'une peine de fustigation en vertu de ce règlement, notamment la consommation d'alcool, les jeux d'argent, le fait de « se trouver seul-e en compagnie d’une personne du sexe opposé hors des liens du mariage ou de liens familiaux » (khalwat), les atteintes sexuelles, le viol, le fait d'accuser une personne d'adultère sans présenter quatre témoins des faits, et les relations intimes entre personnes non mariées. On peut aussi s'inquiéter de ce que les procédures prévues par ce texte concernant les preuves dans les affaires de viol et d'atteintes sexuelles ne soient pas conformes aux normes internationales. Le Code pénal islamique de l'Aceh s'appliquera à tous les musulmans de la province, tandis que les non-musulmans pourraient aussi être condamnés pour les infractions qui figurent dans le règlement provincial mais qui ne sont pas couvertes par le Code pénal indonésien.
Ce texte réglementaire ne pourra être soumis au gouvernement central que si le gouverneur de l'Aceh le ratifie. En vertu de la législation actuelle, le gouvernement central dispose de 60 jours après la réception du texte pour demander la révision de certaines de ses dispositions ou le rejeter totalement s'il est contraire à la Constitution indonésienne ou à d'autres lois nationales.
La fustigation est un châtiment cruel, inhumain et dégradant, interdit par le droit international, notamment par l'article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, deux traités auxquels l'Indonésie est partie.


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dimanche 12 octobre 2014

"Ma liberté défend la votre" propagande et vérité sur l'homophobie en Russie

©gaysir.no: Kirill Kalugin, appréhendé par les autorités

AMNESTY INTERNATIONAL
ARTICLE - SEMAINE D’ACTION RUSSIE

AILRC-FR
Embargo : samedi 11 octobre 2014, à 0h01 TU 

« Ma liberté défend la vôtre » : propagande et vérité sur l’homophobie en Russie

La scène évoque le combat entre David et Goliath.

Mais dans le cas de Kirill Kalugin, il s’est retrouvé encerclé par au moins six adversaires imposants – des hommes musclés vêtus de tenues de parachutistes russes, qui l’ont cerné et coincé tout en le bousculant et en l’insultant. Ils lui ont clairement fait savoir qu’ils ne l’aimaient pas et n’appréciaient pas son message.

La raison pour laquelle ils s’en sont pris à ce militant, étudiant universitaire roux et élancé ? Il a osé se présenter sur la place du Palais à Saint-Pétersbourg, place pavée de style néoclassique, et briser l’un des principaux tabous de la société russe.

Voyez-vous, Kirill est homosexuel. Mais depuis l’adoption d’un texte de loi en juin 2013, il n’est pas censé se sentir libre de le dire en public. Ni faire quoi que ce soit qui puisse constituer une « promotion de l’homosexualité », une infraction définie en termes très vagues.

Aussi, en s’installant avec courage sur la place du Palais le 2 août 2013, durant les célébrations de la Journée annuelle des parachutistes, et en déployant un drapeau arc-en-ciel portant l’inscription « Je propage la tolérance », il savait qu’il allait au-devant des problèmes.

Les policiers ont séparé Kirill de ses agresseurs. Puis ils l’ont arrêté.

Imperturbable, Kirill est retourné cette année, le 2 août, place du Palais, avec un autre drapeau arc-en-ciel arborant le message : « Ma liberté défend la vôtre ». De nouveau, il a été interpellé en hâte.

« La propagande de l’homosexualité »
La loi de juin 2013, qui a pour but de « protéger » les enfants contre les « influences néfastes », a conquis la Douma – un seul législateur a choisi l’abstention.

Cependant, les « influences néfastes » ne sont en fait que des citoyens russes lambda qui se trouvent être lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres ou intersexués (LGBTI) – ou des personnes qui travaillent sur des questions relatives aux droits humains en lien avec ce sujet.

La « propagande de l’homosexualité » n’ayant pas de définition légale, la loi punit en fait des personnes pour la simple raison qu’elles sont ce qu’elles sont et l’expriment.

« La propagande de l’homosexualité n’étant pas d’ordre matériel, il est très difficile de savoir ce que cela signifie. Si vous êtes homosexuel et transparent sur ce sujet, cela peut être considéré comme de la propagande », a déclaré Polina Andrianova, directrice de Coming Out, une organisation de défense des droits des personnes LGBTI dont le siège se trouve à Saint-Pétersbourg.

Une homophobie en ébullition
La police en Russie s’efforce de faire appliquer la loi sur la propagande, qui a donné lieu à un nombre assez limité de poursuites. Ce qui ne veut pas dire que son impact ne s’est pas fait sentir.

« Les répercussions de la loi sont en fait plus graves à l’extérieur des tribunaux, nuance Polina Andrianova. Sa conséquence la plus terrible est qu’elle justifie les comportements homophobes et donne le feu vert à la violence homophobe. »

La loi semble donner de l’élan à une homophobie qui était larvée et secouait déjà certains pans de la société russe.

« Sous l’ère soviétique, l’homosexualité était interdite et il était totalement tabou d’en parler », a déclaré Goulia Soultanova, organisatrice du Festival international du film LGBT Bok o Bok (« Côte à côte »), à Saint-Pétersbourg.

Les effets persistants de ce tabou historique, alliés à la nouvelle loi aux accents sinistres et à la définition vague, renforcent la stigmatisation et les peurs de la communauté LGBTI. Beaucoup se demandent quelles activités et quelles actions seront considérées comme de la « propagande » – contraignant certaines personnes à revenir au silence alors qu’elles parlaient ouvertement de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Les temps sont  particulièrement rudes pour les couples homosexuels avec enfants, puisqu’un débat public en Russie porte sur le fait de séparer ces familles, la logique perverse étant que les enfants dans ces foyers sont soumis en permanence à la « propagande » de la part de leurs propres parents.

Nombreux sont ceux qui, au sein de la communauté LGBT, vivent sous la menace constante d’agression ou de problèmes. Des contre-manifestants en colère se rassemblent souvent lors des manifestations et événements LGBT, se servant de la loi sur la « propagande » comme d’un prétexte pour perturber l’événement, parfois de manière violente.

Les policiers présents sur les lieux s’abstiennent généralement d’intervenir. Parfois, ils arrêtent les victimes plutôt que les auteurs des violences.

Par ailleurs, il est difficile d’obtenir justice pour des attaques discriminatoires, puisque la législation russe en matière d'infractions motivées par la haine ne couvre pas les crimes commis à l’encontre de personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre réelle ou supposée.

L’homicide d’une lesbienne qui donnait des cours de tango à Saint-Pétersbourg début septembre témoigne de cette difficulté : la police a d’abord laissé entendre et tenté de faire croire qu’il s’agissait d’un suicide, alors que cette femme a été retrouvée la gorge tranchée, dans sa voiture dont le moteur tournait encore.

« Un combat pour la survie » 
Confrontée aux agressions homophobes et à la réponse inefficace des forces de l’ordre, Polina Andrianova décrit le travail de son organisation comme « un combat pour la survie ».

Les militants de Coming Out ont récemment passé plusieurs mois à organiser la QueerFest de Saint-Pétersbourg. Depuis 2008, cet événement annuel incontournable propose pendant 10 jours débats, séminaires et spectacles visant à favoriser un environnement sûr et tolérant pour le débat, et à accroître la visibilité de la communauté LGBT, petite mais active, de la ville.

À l’ouverture du festival cette année, le 18 septembre, Polina Andrianova avait bon espoir que cette édition ne soit pas marquée comme les précédentes par les menaces et les annulations. Malheureusement, depuis la soirée d’ouverture, le festival s’est transformé en une bataille entre d’un côté les organisateurs et de l’autre la police, les rassemblements homophobes et les changements de salle.

Une semaine après l’ouverture, Coming Out a publié un communiqué recensant toute une série d’agressions et de tentatives visant à faire fermer QueerFest. Les festivaliers et d’autres – notamment le bureau du médiateur régional – ont déposé 24 plaintes auprès des services de police.

Deux heures avant la cérémonie d’ouverture, le principal site accueillant le festival s’est désisté, invoquant des risques en termes de sécurité dans le bâtiment. L’événement a alors été transféré dans un lieu de remplacement et a été pris pour cible par une vingtaine de militants de droite accompagnés de Vitali Milonov, député de Saint-Pétersbourg, homophobe virulent qui a soutenu une précédente version régionale de la loi sur la propagande relative à l’homosexualité. Ils ont crié des insultes homophobes et répandu un liquide antiseptique nocif et un gaz non identifié.

Une autre soirée a été écourtée par une alerte à la bombe. Et, rebondissement orwellien, la police a tenté d’interrompre une conférence de presse sur le thème « Qui cherche à fermer le QueerFest ? »

« Depuis six ans que nous organisons ce festival, nous n’avons jamais eu à faire face à une offensive aussi soutenue et organisée contre notre liberté de réunion et d’expression. Au lieu de maintenir l’ordre en assurant la protection des citoyens, la police s’en sert comme prétexte pour fermer des événements. Et les autorités, plutôt que de traduire les responsables présumés en justice, préfèrent détourner le regard, a déclaré Polina Andrianova.

« Tous les moyens sont bons pour nous acculer dans un " ghetto ". Pourtant, le festival est dédié au dialogue et à l’ouverture dans la société, et notre meilleure défense aujourd’hui consiste à rester visible. »

La défense des droits des LGBTI s’inscrit, de manière à la fois essentielle et complémentaire, dans la défense des droits humains au sens large en Russie. Tous les Russes devraient être libres d’être eux-mêmes et d’avoir des relations aimantes et consensuelles avec la personne de leur choix, sans peur d’être agressés ni accusés de faire de la « propagande ».

Bien que l'espace laissé à la liberté d'expression se rétrécisse rapidement, nombreux sont ceux qui, en Russie, disent ce qu'ils pensent. Du 6 au 12 octobre, les militants d'Amnesty International sont à leurs côtés, solidaires, pour une semaine d'action destinée à montrer aux dirigeants russes que le reste du monde ne se taira pas. Agissez et informez-vous plus en détails en vous rendant sur www.amnesty.org/Speak-Out-Russia.