AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
11 octobre 2013
La proposition
visant à instaurer des « tests médicaux » obligatoires pour empêcher les
travailleurs migrants considérés comme « homosexuels » ou transgenres
d'entrer au Koweït et dans les autres pays du Golfe persique est
scandaleuse et devrait être rejetée d'emblée, a déclaré Amnesty
International.
« Cette proposition
ne fait que stigmatiser un peu plus des personnes qui souffrent déjà de
niveaux extrêmement élevés de discrimination et de violences en raison
de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelle ou
perçue », a signalé Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient
et Afrique du Nord d'Amnesty International.
« Au lieu de
continuer à exercer des discriminations contre les lesbiennes, les gays
et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées, les autorités
koweïtiennes devraient s'efforcer de faire en sorte qu'aucun individu
ne soit harcelé ou brutalisé pour ce qu'il est, et d'abolir les lois qui
érigent en infraction des actes sexuels entre adultes consentants. »
Cette nouvelle
proposition, présentée le 7 octobre par Yousuf Mendkar, directeur du
service de la santé publique au sein du ministère koweïtien de la Santé,
prévoit que toute personne considérée comme « homosexuelle »,
transgenre et/ou travestie à l'issue d'un « test médical » se verra
automatiquement refuser l'entrée sur le territoire du Koweït.
Cette proposition
fera l'objet d'un débat lors d'une rencontre du Comité central du
Conseil de coopération du Golfe pour le programme relatif à la
main-d’œuvre expatriée, qui doit se tenir à Oman le 11 novembre.
Les travailleurs
migrants venant de certains pays, en particulier d'Asie du Sud et du
Sud-Est, doivent se soumettre à des évaluations médicales quand ils
effectuent une demande pour un permis de travail au Koweït ou dans
d'autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Si la
proposition est adoptée, les « tests médicaux » seront ajoutés à ces
évaluations.
« Les autorités du
Koweït et des autres États du CCG doivent rejeter toute proposition
visant à instaurer ces “tests médicaux” discriminatoires visant à
“déterminer” l'orientation sexuelle ou l'identité de genre des personnes
qui entrent dans le pays », a déclaré Philip Luther.
« Ces tests sont une
insulte au droit fondamental à la vie privée et ils montrent que les
persécutions fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre
se poursuivent. »
Au Koweït, les
relations sexuelles entre adultes consentants de même sexe sont
illégales et les contrevenants encourent jusqu'à 10 ans de réclusion.
Aux termes du Code
pénal, le fait d'« imiter les personnes du sexe opposé » est une
infraction passible d'amende ou d'une peine de prison pouvant aller
jusqu'à un an.
Ces dernières
années, Amnesty International a eu connaissance d'informations de plus
en plus nombreuses faisant état de violences envers des lesbiennes, des
gays ou des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées au
Koweït. Des cas de harcèlement, d'arrestations et de détentions
arbitraires, de coups et blessures, de torture et d'agressions sexuelles
ont notamment été signalés.
« Ce type de
traitement différentiel constitue une violation manifeste du principe de
non-discrimination, reconnu dans de nombreux traités relatifs aux
droits humains auxquels le Koweït est partie », a souligné Philip
Luther.
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