vendredi 28 février 2014

Communiqué de presse Zambie

AILRC-FR
21 février 2014

Zambie. Alors qu’un jugement est attendu dans un procès pour relations homosexuelles, l’État doit mettre un terme à la persécution

Les autorités zambiennes doivent mettre fin à la persécution fondée sur l’orientation sexuelle présumée, a déclaré Amnesty International alors que le jugement dans le procès de deux hommes zambiens accusés d’avoir eu des relations sexuelles « contre-nature » est attendu mardi 25 février.

James Mwape et Philip Mubiana sont détenus en prison depuis mai 2013. Les deux hommes, âgés de 22 ans, ont subi de force des examens rectaux effectués par des médecins du service public afin de « prouver » qu’ils ont bien eu des rapports sexuels. Ces examens équivalent à des actes de torture et ne sont pas valides d’un point de vue scientifique.

Amnesty International considère les deux hommes comme des prisonniers d’opinion et demande leur libération immédiate et inconditionnelle.

« En Zambie, on a assisté à une série d’attaques violentes et de poursuites judiciaires visant des personnes considérées comme gays ou lesbiennes », a déclaré Simeon Mawanza, chercheur sur la Zambie à Amnesty International.

Des policiers, ainsi que des citoyens, ont mené des attaques homophobes contre des personnes considérées comme étant lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres. Ces attaques ont été suscitées par une série de déclarations incendiaires faites par de hauts responsables du gouvernement, qui ont invité la population à signaler toute personne soupçonnée d’être homosexuelle ou de « promouvoir l’homosexualité ».

« Les autorités zambiennes doivent mettre fin à cette persécution systématique et enquêter sur toutes les attaques homophobes. Elles doivent traduire les responsables présumés de ces agissements en justice, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens. »

Notes aux rédacteurs :
Le procès de James Mwape et Philip Mubiana devant le tribunal de première instance de Kapiri Mposhi, en Zambie, doit s’achever le 25 février, lorsque le tribunal rendra son verdict. S’ils sont déclarés coupables, ils risquent une peine de 14 ans de prison.

Les discours homophobes des hauts responsables du gouvernement ont engendré un climat hostile, marqué par une multiplication des attaques physiques et verbales, instillant la peur parmi la communauté zambienne des LGBTI.

On sait qu’au moins cinq hommes ont été arrêtés au titre des lois contre la sodomie en Zambie en 2013.

En janvier, un jeune homme à Lusaka a été agressé par des policiers. Grièvement blessé, il a eu besoin de soins médicaux. Les policiers lui ont dit qu’ils voulaient le « déshomosexualiser ».

Les publications en ligne, particulièrement les sites Tumfewko.com et Zambian Eye, ont révélé l’homosexualité de plusieurs personnes, les désignant comme des « leaders gays et lesbiennes », et les exposant à la discrimination et au risque bien réel de violence.

Des militants des droits humains qui défendent les droits sexuels en Zambie sont pris pour cibles par la police, contraignant nombre d’entre eux à la clandestinité.

Les lois qui prohibent les relations homosexuelles dans l’intimité entre adultes consentants bafouent les traités internationaux relatifs aux droits humains, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Ces lois empiètent sur l’exercice des droits humains, notamment les droits à la liberté d’expression, de conscience et au respect de la vie privée. Ces droits sont protégés par de nombreux traités ratifiés par la Zambie, dont la Charte africaine sur les droits de l’homme et des peuples. La Zambie a également ratifié la Convention de l’ONU contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Aussi le gouvernement est-il tenu d’interdire la torture et de traduire les responsables présumés en justice.

Amnesty International invite les autorités zambiennes à honorer leur obligation au titre du droit international relatif aux droits humains afin d’éradiquer la discrimination en enquêtant rapidement sur toutes les attaques homophobes, et à prendre des mesures concrètes pour prévenir de nouvelles attaques.

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