AILRC-FR
21 février 2014
Zambie. Alors
qu’un jugement est attendu dans un procès pour relations homosexuelles, l’État doit mettre un terme à la persécution
Les
autorités zambiennes doivent mettre fin à la persécution fondée sur
l’orientation sexuelle présumée, a déclaré Amnesty International alors
que le jugement dans le procès de deux hommes zambiens accusés d’avoir
eu des relations sexuelles « contre-nature » est attendu mardi 25
février.
James Mwape et Philip Mubiana sont détenus en prison
depuis mai 2013. Les deux hommes, âgés de 22 ans, ont subi de force des
examens rectaux effectués par des médecins du service public afin de «
prouver » qu’ils ont bien eu des rapports sexuels. Ces examens
équivalent à des actes de torture et ne sont pas valides d’un point de
vue scientifique.
Amnesty International considère les deux hommes
comme des prisonniers d’opinion et demande leur libération immédiate et
inconditionnelle.
«
En Zambie, on a assisté à une série d’attaques violentes et de
poursuites judiciaires visant des personnes considérées comme gays ou
lesbiennes », a déclaré Simeon Mawanza, chercheur sur la Zambie à
Amnesty International.
Des policiers, ainsi que des citoyens, ont
mené des attaques homophobes contre des personnes considérées comme
étant lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres. Ces attaques ont été
suscitées par une série de déclarations incendiaires faites par de
hauts responsables du gouvernement, qui ont invité la population à
signaler toute personne soupçonnée d’être homosexuelle ou de «
promouvoir l’homosexualité ».
« Les autorités zambiennes doivent
mettre fin à cette persécution systématique et enquêter sur toutes les
attaques homophobes. Elles doivent traduire les responsables présumés de
ces agissements en justice, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens.
»
Notes aux
rédacteurs :
Le procès de James Mwape et Philip Mubiana devant le
tribunal de première instance de Kapiri Mposhi, en Zambie, doit
s’achever le 25 février, lorsque le tribunal rendra son verdict. S’ils
sont déclarés coupables, ils risquent une peine de 14 ans de prison.
Les
discours homophobes des hauts responsables du gouvernement ont engendré
un climat hostile, marqué par une multiplication des attaques physiques
et verbales, instillant la peur parmi la communauté zambienne des
LGBTI.
On sait qu’au moins cinq hommes ont été arrêtés au titre des lois contre la sodomie en Zambie en 2013.
En
janvier, un jeune homme à Lusaka a été agressé par des policiers.
Grièvement blessé, il a eu besoin de soins médicaux. Les policiers lui
ont dit qu’ils voulaient le « déshomosexualiser ».
Les
publications en ligne, particulièrement les sites Tumfewko.com et
Zambian Eye, ont révélé l’homosexualité de
plusieurs personnes, les désignant comme des « leaders gays et
lesbiennes », et les exposant à la discrimination et au risque bien réel
de violence.
Des militants des droits humains qui défendent les
droits sexuels en Zambie sont pris pour cibles par la police,
contraignant nombre d’entre eux à la clandestinité.
Les lois qui
prohibent les relations homosexuelles dans l’intimité entre adultes
consentants bafouent les traités internationaux relatifs aux droits
humains, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIDCP). Ces lois empiètent sur l’exercice des droits
humains, notamment les droits à la liberté d’expression, de conscience
et au respect de la vie privée. Ces droits sont protégés par de nombreux
traités ratifiés par la Zambie, dont la Charte africaine sur les droits
de l’homme et des peuples. La Zambie a également ratifié la Convention
de l’ONU contre la torture et
autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Aussi le
gouvernement est-il tenu d’interdire la torture et de traduire les
responsables présumés en justice.
Amnesty International invite
les autorités zambiennes à honorer leur obligation au titre du droit
international relatif aux droits humains afin d’éradiquer la
discrimination en enquêtant rapidement sur toutes les attaques
homophobes, et à prendre des mesures concrètes pour prévenir de
nouvelles attaques.
vendredi 28 février 2014
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