AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
AILRC-FR
26 septembre 2014
Indonésie.
Le nouvel arrêté rendant passibles de 100 coups de bâton les relations
homosexuelles et hors mariage dans la province de l'Aceh constitue un «
énorme revers » pour les
droits humains
Une nouvelle disposition mise en place dans la
province indonésienne de l'Aceh, qui prévoit une peine allant jusqu'à
100 coups de bâton pour des « infractions » telles que les relations
homosexuelles et les relations sexuelles hors mariage, constitue un
énorme revers pour les droits humains, a déclaré Amnesty International.
Vendredi
26 septembre, le Parlement de l'Aceh a adopté le Code pénal islamique
de la province de l'Aceh, un arrêté qui criminalise un certain nombre
d'actes – notamment les relations homosexuelles, les relations sexuelles
en dehors du mariage et le fait d'« être seul en compagnie d'une
personne du sexe opposé qui n'est ni un conjoint, ni un parent »
(khalwat). Les personnes reconnues coupables de telles « infractions »
pourraient encourir des peines de flagellation, d'emprisonnement ou
d'amende prononcées par des tribunaux islamiques.
« Cet arrêté
n'aurait jamais dû être
adopté et constitue un énorme revers pour les droits humains dans la
province de l'Aceh. Le Parlement de l'Aceh doit immédiatement abroger ou
réviser les dispositions de ce texte qui bafoue les droits humains, a
déclaré Richard Bennett, directeur du programme Asie-Pacifique d'Amnesty
International.
« Les lois qui criminalisent les relations sexuelles
hors mariage violent le droit au respect de la vie privée et sont
utilisées de manière disproportionnée pour contrôler et punir les choix
des femmes. Elles dissuadent en outre les femmes de signaler les viols
et autres violences sexuelles, de peur d'être accusées de relations
sexuelles en dehors du mariage.
« L'incrimination de personnes en
raison de leur orientation sexuelle porte un énorme coup à l'égalité en
Indonésie et viole les engagements internationaux de ce pays en matière
de droits humains. Ce texte ne fera qu'aggraver le climat d'homophobie,
de peur et de
harcèlement que subissent de nombreux citoyens en Aceh.
« La
flagellation est un châtiment cruel, inhumain et dégradant qui est
clairement interdit aux termes du droit international. Les personnes qui
en sont victimes subissent non seulement une vive douleur et une
humiliation, mais elles souffrent également souvent de séquelles
physiques ou psychologiques sur le long terme. »
Complément d’information
Depuis
2010, au moins 156 personnes ont été flagellées en Aceh : en 2010, 16
personnes au moins ont subi ce châtiment pour avoir participé à des jeux
d'argent, pour khalwat et pour avoir vendu de la nourriture pendant le
mois de jeûne du Ramadan ; en 2011, 72 au moins pour consommation
d'alcool, jeux d'argent et khalwat ; en 2012, au moins 43 pour jeux
d'argent et khalwat ; en 2013, au moins huit pour jeux d'argent ; depuis
début 2014 et jusqu'au 22 septembre, au moins 17 pour jeux d'argent.
En
2009, le
Parlement de l'Aceh a adopté le Code pénal islamique de la province de
l'Aceh (Qanun Hukum Jinayat), qui prévoyait l’exécution par lapidation
en cas d'« adultère » et jusqu’à 100 coups de bâton en cas de relations
sexuelles entre personnes du même sexe ou avant le mariage. Le
gouverneur de l'Aceh a cependant refusé d'approuver ce Code et celui-ci
n'a jamais été mis en œuvre, en partie du fait des vives critiques qu’il
a suscitées aux niveaux local, national et international. La peine de
lapidation qui figurait initialement dans le code révisé a depuis été
retirée. Cependant, le nouveau Code pénal adopté vendredi 26 septembre
prévoit toujours des peines de flagellation.
jeudi 2 octobre 2014
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